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peinture R Magritte " la vengeance" 1936
Comme Magritte aime jouer
avec l'énigme des images,
et leur face cachée,
décrochera t il le gros lot,
en mangeant un quartier de lune ?
Je vois déjà sa silouette avec un chapeau
sortir d'entre les brumes...
Il habite au creux d'un nuage,
ne reconnaît pas vraiment les lieux ,
qui ont changé depuis
qu'il avait repeint sa toile en bleu,
pour dissimuler la nuit
derrière le chevalet .
La promesse de lumière
est un prêt provisoire
( et sans intérêt)
car elle n'apparaît
que si on repousse le noir
pour mieux en voir l'envers.
Le matin sera pâle
et combattra l'obscur
hors des limites de la toile,
car "ceci n'est pas une peinture" ...
( on le savait dès le départ
car il a oublié un de ses grelots
au pied du placard:
un de ceux qui sont échappés du tableau...)
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montage Bill Kane
On se la joue censure,
modeste en écriture,
Malevitch en profil,
rond noir dans un carré
qui mieux l'habille..
Où vais-je donc le placer ?
Car je dois respecter la photo artistique,
écrire en cyrillique,
ou choisir plutôt
un carré noir
pour être prêt
à épingler sur la photo,
un tableau abstrait
...histoire de voir
ce que ça fait
un carré noir sur fond blanc
pour tout vêtement...
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- dessin de la série sur carnet de Jacques Hemery " lichens" ( page 17 sur 34 )
Le carnet des lichens
se prend par les pages,
des pages chaque fois différentes,
où dansent à sa surface
les coups de crayon.
Des gestes qui s'entremêlent,
se superposent
s'étendent, comme la plante
en croissance lente,
jusqu'à occuper toute la place.
Ils prolifèrent,
en strates, se déposent
presque à notre insu
abusant de gris et de verts,
pour tenter de trouver
une ouverture au grand air.
Les voilà confinés
sur la page droite.
Inversement , la gauche
ne recueille
de la page précédente
que des gris furtifs
où seule la pression
de la valse des crayons
rayonne en nuances de gris:
"petite sensation"
que l'on retrouvera dans un récit
se passant de description.
Ainsi le sous-bois léger
d'un Cézanne
tout en lumière
porté vers l'abstraction,
assis à côté d'un rocher
sur une pente
garnie de mousse.
Orée d'une clairière
qui ne saurait déplaire
au maître d'Aix
qui nous rappelle
que la nature est intemporelle...
RC
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photo Man Ray - "élevage de poussière" sur le Grand Verre de Marcel Duchamp
Pour s'endormir, rien de mieux
que de compter les moutons,
moutons de poussière, s'entend,
ceux qui, comme dans les cieux
sont une douce chanson
quand on s'y étend,
Un ready-made en évolution,
qui devrait plaire
lors de l'exposition
du Grand Verre
de Marcel Duchamp...
Sur un élevage de poussière
des plus moelleux,
au sommeil et aux rêves,
nous ne compterons
plus les moutons
que l'on élève ...
Ils recouvriront
bientôt, la terre entière.
Si Duchamp , de son sommeil
tout d'un coup se relève,
il sera des plus contemplatifs,
en tant qu'artiste et créateur
d'y trouver sa silhouette
inscrite en négatif.
On le dispensera peut-être
de passer l'aspirateur...
RC
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photo de mode Harmony, 2023 - by Bastiaan Woudt (1987)
Lignes et surfaces,
découpes et contrastes,
fond plat, indéfini,
et neutre à souhait.
S''y découpent à peine
des épaules géométriques,
une robe noire,
un léger reflet
sur la chevelure,
noire aussi.
En parfait arrondi,
on penserait à Schlemmer:
simplicité ascétique
presque sans nuances
où l'humain s'efface
progresse rapidement
d'un pas décidé
dans un dédale d'obscur.
peinture- école du Bauhaus - Oskar Schlemmer 1931
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peinture-collage - Connie Hurley et Danny Leyland, Star of the Sea and other stories,
Qui se souvient du temple en bord de mer
m'envoie une carte postale
scaphandre et sabliers,
le tout sans oublier de coller
l'image des palmiers:
ça devrait plaire
aux habitués du bar:
à la devanture :
aux reflets de hasard,
le visage des passants,
et , quoi de plus normal,
un soleil cousu sur un drap blanc:
le récit des évènements
traduits en peinture
dans le soubassement...
RC
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Sculpture Le Bernin enlèvement de Perséphone
Un peu de chaleur humaine
circule dans les veines
quand il gèle à pierre fendre,
là les mains sont tout autour
dans un geste tendre
et plein d'amour,
On dirait que le Bernin
donne à la pierre
le moelleux de la chair
que le corps étreint :
de marbre habillés
voilà le couple enlacé
qui est prêt à renoncer
à son immobilité
pour mieux s'embrasser
dans un coin du musée.
Mouvement spontané
qui peut surprendre les visiteurs
ne s'attendant pas à ce que le sculpteur
les emmène dans la chambre à coucher,
(quelque peu gênés à présent
de côtoyer les amants )
qui, détachant leurs bras
se demandent bien ce qu'ils font là
dans le marbre glacé
depuis les siècles passés...
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Psaume de neige,
y aura - t -il un passage possible ,
pour la calligraphie du corps,
quand il s'élance ,
un pinceau chargé d'encre
sur le papier vierge ?
Fulgurance du geste,
l'éclat du soleil du gong,
vibration qui s'amplifie et perdure,
l'encre libère son énergie intérieure
enfouie encore l'instant d'avant
dans la coupelle de terre.
Noir sur blanc conçoit
une partie du monde,
cristallise un l'instant
l'empreinte d'une fraction de temps,
comme si on enregistrait
le battement d'ailes d'un oiseau.
-
et l'extrait d'un texte de Lambert Savigneux sur
Le Noir sur le blanc conçoit tout, retient enfermé des milliers d’oiseaux dans la nasse de l’encre
qui libère quand le corps enfin redonne un corps au corps, de l’effort, il y a les traces de ce passage
comme des chapeaux de roue ou des traces de pneus dans la neige.
Des fumées maléfiques. On parle de fulgurance mais c’est un animal, une plante, un astre,
un gong en pleine furie. Un jet qui casse le mur du son, condensé, délié il crache, éructe, or ou est psaume.
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peinture Georgia O'Keefe Iris noir 1926
Le ventre de l’aube
se cache dans les creux.
Il s'épanouit en floraison
dès la nouvelle saison.
Les couleurs s'y épanouissent
avec le dessein du soleil.
Les fleurs appellent les abeilles
dans un éventail de couleurs
des plus oniriques.
... En attendant le miel
l’aube libère la joie féminine
dans ses pétales roses .
Le printemps s’approche, timide
encore avec le vent furtif.
Il initie des formes humides
qui, encore, tremblent
comme chez Georgia O’Keefe…
Un vert frileux, puis les tiges tendues
que l’on imagine de sève pleines.
Nous boirons ce lait ensemble
en emmêlant nos poèmes.
Les partager, après les avoir bus…
-
( en écho avec une publication de Barbara Auzou )
4 commentaires -
peinture Merab Abramishvili
L'œuvre semble bien usée
par le passage du temps.
Est-ce une peinture murale
qui fait défaut à un musée ?
C'est l'annonce d'un évènement
dont on connaît les variations:
la Vierge est dans sa maison
comme dans un confessionnal
( la messe se déroule le dimanche )
mais l'ange a un secret à lui confier
en échange de sa piété
et de sa confiance.
Il ne fait pas d'effets de manches,
c'est une bonne nouvelle
qu'il lui a délivrée
...tout en confidence
déjà il agite les ailes,
se saisit d'un rayon de soleil
hop ! il s'est envolé...
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peinture Joachim Torres-Garcia
Dans un volume aux bords limités,
je prendrai avec moi tous les échantillons,
et la vie en modèle réduit:
boîte en valise comme celle de Duchamp,
où pour plus de commodité
( le voyageur de commerce
peut multiplier les présentations )
les plaques coulissent avec précision:
le tout dans un parfait alignement :
maisons de poupées, grottes endormies,
châteaux de rêve, habitats précaires:
voyez comme tout se déplie :
chaque case complètement remplie
( corrigez-moi si j'en oublie )
tous les symboles, la valse des alphabets,
les hiéroglyphes et figures de géométrie:
tout le superflu et le nécessaire
pour perpétuer la dynastie
colporter la bonne parole
avec des images
mais sans l'aide du langage ...
On le lèguera peut-être
pour éveiller les esprits
aux habitants d'une autre planète:
( toute une panoplie d'éléments
que l'on désigne aux apprenants
avec une longue baguette
comme on le fait aux jeunes enfants
alignés sur les bancs ).
Adaptée à son public
la boîte est même capable
de fournir d'autres pages
le tout est téléchargeable:
mais le seul ennui
reste que la vie
ne peut rester confinée dans des cases:
on se fatigue vite du modèle réduit
une fois qu'on a compris
les éléments de base,
la pensée libérée
ne songe qu'à s'en échapper...
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peinture Katherine Bradford " linterview"
Cinq petits vases en rouge
avec une petite feuille verte
comme une flamme
devant deux personnages
que l'on ne nomme pas.
Sans visage défini
ils attendent devant un fond :
un même rouge
passé sur jaune,
mais bien éloigné de ceux de Matisse.
Deux arcs presque symétriques
se détachent dans le fond.,
histoire d'occuper le carré
s'arrêtant aux personnages:
un peu de souplesse,
un éclairage au néon
La scène correspond à une interview
sur le plateau
comme nous l'apprend le titre du tableau.
Et n'oublions pas le rose
qui définit la table,
tout en soutenant allégrement
le vert et le bleu
des vêtements des interviewés.
L'émission peut commencer:
elle s'annonce
- comme on peut le deviner -
haute en couleurs.
RC
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peinture S Dali - table au soleil 1936
Une porte close, un parquet ancien ;
... des traces de pas qui ne sont pas les miens,
s'y inscrivent en négatif.
Un mur comme une éponge,
le fauteuil qui s'enfonce,
et ton portrait flou qui apparaît
dans le reflet du tableau.
On s'attend à tout,
à ce que la chair se fendille
à ce que la porte s'ouvre
au-dessus d'un précipice,
où le cascade s'immobilise
que les meubles y glissent,
très lentement.
Déjà la perspective se modifie,
on a repeint la pièce
creusé le sol pour mieux voir
la vallée et son lit de pierres,
La peau du jour révèle
de grandes étendues, où le soleil oblique
qui n'a pas dit son dernier mot
allonge les ombres
courant sur un paysage étrange
apparenté à un désert.
familier chez Dali.
On s'accroche aux pierres
où le sommeil s'emmêle
afin de rendre aux songes de la nuit
la monnaie du réel
toute entière contenue dans le cadre
suspendu tout à côté
de la cheminée.
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photo Dieter Appelt du tumblr de Romain Verger -de son site "membrane "
Une arête rocheuse s'avance,
à mi chemin de la falaise,
là précisément ou l'herbe
cède la place à la pierre.
Elle s'effrite en petits morceaux,
sous les assauts du temps,
où les éléments se confrontent à la mer.
C'est sur cette limite qu'il faut
se maintenir en équilibre,
déployer ses ailes rigides
pour faire en sorte
que le plus petit mouvement
décide l'esprit de vent
pour qu'il t'emporte
dans un monde sans gravité
où tu planeras sans jamais t'arrêter...
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Jean-Charles Blais (né en 1956) "Sans titre" (1992, huiles sur revers d'affiches arrachées) - Carré d'Art, Nîmes
Mon visage est à l'affiche,
sans slogan publicitaire.
Tu ne distingueras pas mon regard,
aux yeux de velours...
Seront ils ouverts ?
Difficile à affirmer dans le contre-jour.
L'obscurité anonyme s'en fiche.
Déjà des graffiti s'en emparent
des griffures le lacèrent
quelques lignes le traversent,
improvisent une danse aléatoire.
On s'attendrait à ce que mes traits
surgissent du noir,
mais je reste si discret
que personne ne peut me voir.
Même les têtes de Jean-Charles Blais
survivront davantage
que l'affiche ramollie
et l' éphémère d'un visage
improvisé sur un mur gris...
RC
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photo Sean Scully - Inis Oirr II - 2006
Faut-il élever des murs
se dresser contre l'océan,
maîtriser le temps
boucher toutes les ouvertures
en dressant toutes ces pierres ?
Mais il n'y a rien à faire :
la tempête de se laissera pas arrêter
par une suite de murailles;
on cherchera plutôt à délimiter
un lopin de terre , un quadrilatère,
Pas besoin de pierres de taille,
aux arêtes vives
ici l'architecture vernaculaire
est approximative
et hors du temps :
des pierres, des pierres encore
à ne plus en savoir que faire...
Elles servent de décor
limitent et imitent l'horizon
en verticales un peu obliques.
communes aux iles d'Aran
constructions linéaires
en lits de calcaire
extraits à même le sol.
Ils se veulent perpendiculaires,
mais soutiennent les maisons
par leur seule masse
exactement à l'identique
de la tourbe découpée :
autres pierres encore molles
que l'on entasse
avant qu'elles ne soient figées
dans la géométrie
semblables à celle des murs
de la peinture de Sean Scully.
peinture Sean Scully - Wall of light 2000
votre commentaire -
peinture Victor Brauner
Un peu d'équilibre sur le fond noir,
et la pupille grande ouverte sur ton regard,
la silhouette en robe de soir
s'affranchit de tous les reflets
d'une eau profonde que rien ne trouble
car les vents ont subitement faibli;
une prêtresse aux yeux bandés
ne sait plus où donner de la tête.
L'horizon s'est refermé
dans une lente symétrie:
approximativement, en double
en attendant les dits du prophète:
avec tous les symboles que l'on tient
à bout de bras,
dans chaque main.
Ils sont plutôt un embarras,
et n'ont jamais servi à rien.
C'est donc en pure perte
que les visages perpendiculaires
se heurtent à la fenêtre
sans même voir au travers:
il ne sera jamais établi
que l'onirique
s'écarte à fortiori
de la simple géométrie
dans les grands écarts
où on se rappelle vaguement de l'art
de l'Egypte antique...
votre commentaire -
Dans un mystérieux jardin,
se côtoient des arbres de toute nature.
Cerfs, lapins, renards et autres volatiles
apprécient ce domaine paisible
à l'abri des hauts murs d'une vaste demeure.
Les fleurs surgissent comme des étoiles,
un cours d'eau pourvoit à toutes soifs.
Les buissons cachent encore bien des choses
que l'on n'aperçoit pas encore.
C'est une miniature de livre d'heures,
avec un fond de palmettes d'or
sur azur sombre, qui tient lieu d'arrière plan .
On penserait à un papier peint
pour la chambre nuptiale des occupants du manoir...
La peinture y est délicate.
On n'y surprend aucun prédateur
venant troubler le calme des lieux,
surtout pas un lion égaré
qui aurait du mal à s'adapter, par ailleurs
à un autre climat que celui de la savane:
ou bien, il faudrait transporter le domaine
sous d'autres latitudes, en faire un collage
pour que "le Dit du Lion"
ait des chances d'y trouver un écho,
autrement que sur les seules armoiries
de l'entrée d'honneur,
réservée aux grandes occasions
et aux cérémonies...
votre commentaire -
peinture Giorgio de Chirico
Soleil oblique,
décor onirique
cité antique,
acropole indécise
chevaux au galop.
Une plage imprécise
tout au bord de l'eau
sous l'œil voilé d'un dieu .
Eux décident de l'avenir
( comme sur la toile de Chirico ).
Mais parmi ces chevaux,
lequel choisir
le jaune ou le bleu ?
- changera t on encore de couleur ?
Lequel sera le meilleur
et terminera en tête ?
Qui est prêt pour le pari ?
Course d'obstacles désuète,
qui regarde en arrière
cette pâle mythologie.
Elle a la mauvaise fortune
de ne jamais arriver à l'heure.
Le temps n'est pas linéaire
les chevaux aveuglés par la lune
ne verront plus le jour.
Ils ne peuvent plus avancer
qu'en tournant toujours
autour d'une colonne renversée..
votre commentaire -
peinture - Jean-Paul Marcheschi - naissance d'une montagne - 2014
Voir l’obscur, sur la peinture
pénétrer sa matière même
toi qui espères creuser la nuit.
Tu ne distingueras dans le sombre
que les formes indécises
des silhouettes, vaguement penchées
sur elles-mêmes.
Ajoutant leur ombre
à l'ombre des autres.
Il faudra s'habituer à déceler
la moindre nuance,
le noir d'ivoire plus froid
que le noir de mars,
à la croisée de l'éclipse.
Rien pour accrocher la poussière de lumière,
pas d'outre noir pour jouer de surface
ou flatter le regard.
Juste l'obscur qui colle aux doigts
comme le charbon de bois.
La peinture sera mon écriture,
la nuit, ma toile, mon mur.
RC
votre commentaire
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