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peinture: Peter Sengl
Frida et Frida,
double portrait mécanique,
chacune se tient par une manche,
symétrique sans l'être,
sur un fond plombé:
jumelles où les mains s'absentent,
liens fragiles entre les veines,
crissement des attelles métalliques
tiroirs ouverts où le coeur épuisé
ne saigne qu'avec peine .
Posent-elles
comme ces princesses
de l'ère d'Elisabeth la première,
scrutant l'avenir ,
figées dans la souffrance ?
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RC - juill 2019
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photo perso - mai 2019
Ceux qui naviguent dans l'azur,
savent aussi que la mer
n'est pas toujours bleue.
Elle a ses fureurs d'écume,
et sous une apparence aimable,
a cette profondeur noire,
repoussant les effets de lumière,
et reflets de ciel
comme s'il s'agissait
d'une écriture maladroite
sur la page de garde
d'un livre revêche
décidé à ne pas livrer ses secrets .
Pour ma part,
j'ai traversé des rouges
qui dansent,
flottant dans l'espace
comme des oriflammes .
Des rouges cerise aux vermillons ,
en presque bruns ,
et parfois pourpres ,
Ils n'ont rien de tragique ,
et palpitent aux vents,
ils ne cherchent pas de point d'ancrage ,
se lovent dans les images,
les photographies,
les peintures de Delacroix .
C'est comme une respiration,
ou le jaillissement d'un cri,
un coup de cymbale,
avec de temps en temps
ses creux ombreux,
qui laissent supposer
qu'il se passe quelque chose
sous la surface .
Mais c'est toujours fugace,
et il faut être juste là au bon moment
pour sentir cette palpitation,
pour essayer de capter
l'instant où la couleur se révèle
et se démultiplie à mon regard.
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RC- mai 2019
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Paolo Uccello - Saint Georges et le Dragon
C'est donc ce monstre familier,
que l'on promène en laisse..
Présente-t-il un danger ?
Alors, ma princesse,
serais-tu en détresse ?
( il n'a pas l'air de vouloir te manger )...
Mais pourquoi piétine-t-il
si sauvagement ,
cet être imbécile
les parterres de mon jardin
alignés bien sagement ,
- et avec le plus grand soin ?
Voila venu fort à point
St Georges sur son cheval,
qui s'élance,
et en un tour de main,
transperce l'animal
d'un terrible coup de lance !
Il se peut qu'on se demande
d'où vient ce cavalier
surgi de nulle part ,
ce saint aventurier,
nécessaire à l'histoire
si on en croit la légende .
On ne sait ce qu'en pense la reine,
elle semble parader dans son salon :
( on dirait qu'elle s'en fiche,
indifférente à la scène ):
elle ne s'était pas aperçue que son caniche
s'était transformé en dragon .
Ce sont des choses qui arrivent
quand on pense à autre chose ,
même encore de nos jours :
les idées dérivent
et suivent un autre cours...
Ah, si j'avais cultivé des roses !
Je n'avais pas vu venir
ce terrible nuage sombre
annonçant l'éclipse...
Je convoquerai à l'avenir,
le cavalier de l'apocalypse ,
pour que le jour repousse l'ombre .
Uccello nous le dit en peinture,
- on a évité de peu l'orage
dissimulé derrière la forêt ,
- Mais de cet épisode, que faut-il en conclure ?
cette image a quelque chose de suspect
quelque peu invraisemblable :( on dirait un collage )...
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RC - avr 2019
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Peinture: Pierre Soulages
S'il faut plaquer sur une toile
le limon noir de ma nuit,
je me sens prisonnier de la matière,
trop opaque pour
que j'échappe à sa consistance.
Le corps est trop léger, ou trop frivole,
- je ne peux laisser mon empreinte
dans ce noir qui m'ignore - .
Je ne traverse pas les énigmes
les paupières closes,
je n'en ai pas le pouvoir :
la vraie clarté se trouve en intérieur,
la surface a des reflets trompeurs .
Il faudrait que je la griffe,
mais la nuit ne se tient pas debout
et ignore mes traces.
De même, avec ma plume, je pourrais
tenter d'écrire en fermant les yeux,
prendre d'assaut des ponts de silence,
mais ce serait sur une page obscure,
sa consistance même , buvant l'écriture
alors, je laisse les choses où elles sont,
j'ignore les détails et les bruits .
J'ai besoin de retrouver les couleurs enfouies.
Elles ne sont pas perdues .
Un peu de lumière les restituera.
J'attendrai.
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RC- avr 2019
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Le photographe se regarde
et s'étonne de se retrouver
sur le cliché ,
( l'appareil face au miroir ),
lui qui aurait voulu
se fondre avec le mur,
se camoufler dans la nature,
se fondre dans une autre personne,
sous le masque peint du clown,
en quelques traits charbonneux ,
les sourcils levés
d'un étonnement feint ;
et le nez qu'on imagine
en boule rouge,
mais la photo ne le dit pas.
On ne sait si Elliott Erwitt
se travestit ,
à la suite de ses portraits de chien
ici , en dalmatien,
si c'est d'humour
ou de surprise
d'appartenir à une lignée
qui fait le lien
avec l'animalité ,
la dérision et la tragédie :
la pose est volontaire
mais le regard acéré
a cette inquiétude
de celui de Rembrandt
quand il témoigne
des années qu'il traverse .
L'instantané photographié
révélant peut-être
autre chose à son auteur
qu'une mise en scène comique .
Son visage en serait l'enjeu,
le nôtre pourrait aussi l'être .
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RC- mars 2019
2 commentaires -
peinture: Paul Klee : les coups héroïques
On ne sait pas exactement ,
s'il s'agit d'une énigme à résoudre ,
s'il faut suivre des pistes ,
qui s'égarent dans la peinture ,
si on doit se frotter à la matière,
rugueuse au premier abord,
et qu'il faut caresser,
à la manière du vent ,
qui finit par éroder
les rochers les plus drus .
Des lignes se croisent,
ou prennent
un malin plaisir à s'éviter,
basculées dans un paysage incertain.
Certaines sont effacées ,
ou conduisent à des formes
surgissant de nulle part ,
dans les tableaux de Klee.
Faut-il y voir une facétie ,
ou des tracés
qui supposent
que l'on aborde
dans un monde
où les règles se courbent
dans un langage
qui nous est inconnu ,
et pourtant familier ?
Sa fraîcheur
nous mènerait plutôt ,
dans une sorte de réminiscence,
où les lignes s'élancent
dans le jardin de l'enfance :
il convient de s'y plonger
comme dans une aventure
chaque fois renouvelée,
sans chercher à la décrypter .
- RC - nov 2018 -
texte basé sur celui d'Henri Michaux, - voir ci-dessous
Une ligne rencontre une ligne.
Une ligne évite une ligne. Aventures de lignes. (...)
Pour entrer dans ses tableaux et d'emblée (...),
il suffit d'avoir gardé soi-même la conscience de vivre dans un monde d'énigmes,
auquel c'est en énigmes aussi qu'il convient le mieux de répondre".
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Un flûtiste , un torero
une pipe , un matelot,
une chèvre équilibriste,
( de format cubiste ) ,
des visages au regard insondable,
qui n'ont pas l'air aimables .
- Je revois Jacqueline
traversée par des lignes -
... et ce qui relie
le peintre à la vie ,
obsédé par son sujet
qui reste pourtant muet .
La multitude des variations
semble en prendre possession
quand il le campe
sous la douleur d'une lampe :
- si on prend le cas
du bombardement de Guernica ...
ce n'est pas pourtant l'esthétique
des instants tragiques
qui nous remue,
mais les angles aigus
qui nous transpercent
et nous agressent
ou le crissement de couleurs crues
à l'assemblage incongru .
C'est comme un vocabulaire
ou une liste à la Prévert
Un flûtiste , un torero
Une bouteille, des papiers journaux,
des poireaux, des oignons,
et les yeux vides d'un poisson
( ces choses bien ordinaires,
ne cherchent pas à plaire :
mais leur assemblage étrange,
quelque part, dérange )
comme ce paysage méditerrannéen
aux accents lointains ,
où les couleurs piquent
davantage que sous les tropiques...
Il semble que le peintre expie
toute une tragédie
quand il multiplie
presque à l'infini ,
la brisure des miroirs,
et la distance qui sépare
d'une façon irrationnelle
Ce baiser était-il un brasier
mordant aux lèvres de l'aimée ,
et le regard perdu dans le lointain,
condamné une éternelle faim ?
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RC - nov 2018
( c'est une "variation-digression", sur le texte de Susanne Derève, qui suit....)
P Picasso Paysage méditérrannéen
SD : l'homme au chapeau
Un flûtiste un torero
une pipe un matelot
L'homme au chapeau avait-il une jambe
de bois
L'homme aux jambes croisées n'en avait pas
Un baiser
qui mordait aux lèvres bien-aimées
La femme au long museau avait une oreille
de trop
Une queue de cheval
à l'eau
Et puis ce corps abandonné
dans l'ombre douce d'une estampe
et qu'à la lueur d'une lampe
on devinait …
Jacqueline au cou de girafe
frêle Cléopâtre en carafe
Jacqueline ornée pour la fête
Jacqueline nue pied en tête
Arlésienne de pacotille
Espagnole à la mantille
A woman in a green dress comme à confesse
Sous toutes les coutures
un peintre et son modèle
Des coutures, il ne garde qu'elles
Une trapéziste, un elfe qui glisse
La Californie on quitte Paris
Un vieux mousquetaire et son reliquaire
Female bodies new discoveries
Une queue de cheval
Pour aller au bal
Et un caraco
Couleur menthe à l'eau
Et puis ce corps abandonné
Dans l'ombre douce d'une estampe
Qui dans la tiédeur de la lampe
Me regardait ...
--
P Picasso le baiser
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Dessin : René Magritte
Vous allez voir debout,
image tatouée de lune,
la statue de chair ,
qui vous offre ses pommes ,
( un visage dressé sur les jambes,
jaillissant d'un cou, d'une colonne ).
Son sourire est vertical ,
et pourvu d'un nid, soyeux .
Il avale les oiseaux de passage ,
qui oublient la prudence,
et deviennent une proie
quand ils s'endorment .
La chevelure est embrouillée ,
et a l'allure d'un buisson sauvage,
diffusant ses essences
aux vents chauds de l'été .
Elle impose sa loi par son sexe ,
et son regard a les aréoles pointues ,
qui font croire aux hommes ,
qu'ils en sont conquérants :
- ils se disent pourvus
d'un solide appétit .
Mais la faim est vite repue ,
et les voila bientôt assoupis ,
alors que d'abord , elle se nourrit d'eux ,
à chaque fois rendue plus forte .
Une ogresse à l'apparence aimable,
mais froide ,
qui dissimule ses serres,
comme un félin, derrière des mains douces ,
peut-être l'avez vous déjà vue
au détour d'un chemin ,
elle vous offrira ses fruits .
"Avis aux croqueurs de pommes"
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RC - aout 2018
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photo Catherine Loth - musée des moulages, Lyon
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J'essayais de me mouler dans son désir.
Il y avait la lumière
qui caressait son corps,
la courbe de ses gestes,
l'invitation de son regard.
J'essayais de me lover
dans la trajectoire des sens,
mais les mains restaient dures,
le torse de la sculpture
immobile
dans sa rigidité
d'image, qui trompe les sens
en faisant passer le marbre
pour de la chair .
-RC - jui
ll 2018
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Le peintre a posé son regard
Le peintre a posé son regardsur la plage.C'était un de ces après-midiensoleillés,où la couleur du cieln'est perturbée que par les traînéesde légers nuages .Trois modèles apparaissent,nonchalantes,habillées de couleurs vives,sorties de la palette :et le temps semble s'être arrêté,comme le vent, emprisonnédans la chevelure .Aucune d'elles ne sembleavoir mis le pied dans l'eau :elle ressemblent à des personnagesd'un rideau de scène,comme de ceux que l'on abaissaitpendant les changements de décor .Peut-être vont--elles s'animer ensuite :nul ne le sait .Il faudrait une autre version de l'image.On chercherait dans les variations,des différences, même, à peine visibles :est-ce le phare qui clignote,ou le voilier qui a changé de place ?Les couleurs du temps sont trompeuses,et on se demande pourquoi le peintre a choiside donner ces positions aux baigneuses,qui n'en sont pas, précisément.RCillustration: dessin perso sur tablette graphique.
votre commentaire -
peinture: Nicolas de Staël
Comment le peintre s'en va
explorant les lointains,
puis revient dans une nature morte
avec de grandes zones plates .
Ce sont des murs de couleur .
Ils se dressent.
Ils débordent de leurs limites,
comme les bouteilles
dressées sur la table de l'atelier .
Leur texture se sent presque ,
même si aucun détail ne la montre.
Leur distance s'annule
comme la pesanteur
sous de larges coups de brosse.
Deux formes rouge et bleu, sans nuance
combattent des grisés de mauve .
On ne les identifie pas
et cela n'a pas d'importance .
Une note finale,
stridence nécessaire,
comme à la fin d'un chorus de jazz,
l'éclat cuivré d'un coup de cymbale .
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RC - fev 2018
2 commentaires -
sculpture C Brancusi
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L'oiseau de passage
Flèche les pages
Données au vent.
Il ne laisse trace,
Que l'ombre fugace,
Courant sur le sol,
Et les ruisseaux, les forêts,
Oublient tout de l'image,
Car elle est sans mémoire.
Elle ne s'accroche , qu'au temps,
Celui de l'envol,
Celui de l'instant présent.
Qu'importe le nom des hommes,
S'ils font de leur vie un envol...
Ils s'accomplissent autrement,
Même sans graver leur nom dans l'histoire.
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RC- août 2014
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sculpture: C Brancusi
Elle est là, lisse et brillante,
comme une goutte d'eau posée ...
Ce pourrait être sur un lit de branches,
ou coussin de velours .
Elle repose, immobile,
mais cela n'a rien à voir avec la mort.
Elle rêve en son sommeil ,
concentrée sur son rêve de bronze ,
lisse dedans, sereine :
tout est possible dans ses pensées,
la muse sourit en silence
dans son sommeil.
Ni déesse solennelle,
ni allégorie, elle a aucun attribut,
ne présente qu'elle même ,
naturelle au point que l'on oublie,
que, toute entière dans son seul visage :
la sculpture a délaissé son corps .
Elle est là, lisse et brillante,
et attend avec bienveillance,
comme une évidence .
Elle est muette, endormie, suivie de son ombre ronde :
Attends qu'elle se réveille,
elle te confiera son secret.
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RC - janv 2018
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photo Jason De Freitas-- voir aussi de Patrice Terraz voir portfolio
Il y a sur la mer des ombres immobiles,
noires,
aussi denses que pourrait l'être
l'espace d'un mutisme.Il ne dit rien de lui-même,
clos sur son silence,
alors que tourne le ciel,
autour d'un centre indéfini,
que peut-être on ne peut imaginer.
C'est sans doute
parce qu'on fixe sur la pellicule,
le temps qui défile,
et se courbe .Le regard ne le traverse pas :
sa distance se confronte à l'épaisseur de la nuit,
mais celle-ci palpite de lumière,
moins pesante que la pierre :
un vol engourdi et circulaire.Un temps qui n'a ni début, ni fin .
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RC - janv 2018
2 commentaires -
peinture: Katia Bourdarel "le ruban"
J'ai vu cette main en gros plan,
posée sur un membre,
ou un corps souple .
Peut-être était-ce celui d'un autre
plutôt que celui de la personne
à qui appartient la main.
Rien ne l'indique .
Ou peut-être une légère différence
de pigmentation de la peau :
Les doigts sont face à nous .
La main repose, légère,
abandonnée.
Lassitude, tendresse ?
Elle s'enfonce légèrement
dans la peau, souple, accueillante.
Mais les ombres sont pourtant assez marquées :
elles tirent sur le mauve.
Ce qui surprend ,
c'est aussi l'ombre portée du bras
sur l'arrière plan,
placé précisément sur l'axe diagonal du tableau ;
comme si celui-ci était plaqué
sur la surface d'un mur,
donc n'ayant pas l'espace nécessaire
pour qu'il puisse se poser
sans faire une contorsion.
C'est une main féminine,
et le torse, horizontal,
si ç'en est un,
montre un petit grain de beauté
au niveau du pouce :
cela fait un ensemble empreint de douceur,
mais l'arrangement de l'ensemble
ne semble pas tout à fait naturel :
la position rappelle un peu
celle de la main de l'Olympia, de Manet.
Le titre attire notre attention
sur un ruban noir étroit,
noué au niveau du poignet.
C'est un détail,
qui réhausse le côté un peu blafard de la chair;
et on se demande s'il y a un sens particulier,
donné par sa présence:
s'il était placé plus haut,
ou ailleurs,
plus épais, d'une teinte différente.
Si le noeud n'était pas si apparent...,
et s'il n'y avait rien du tout,
seulement son empreinte ?
Comme un ruban du même type
est aussi présent dans l'Olympia,
mais autour du cou, et noir également
c'est une similitude,
comme l'oblique du bras,
qui n'est peut-être pas fortuite ,
et on s'attendrait sur d'autres toiles,
à des rapprochements similaires...
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RC - janv 2018
votre commentaire -
Il y a une personne, seule, souvent.
Elle regarde dehors.
Quoi ? on ne sait pas .
Cette personne est isolée .
Non pas seule, mais isolée :
elle contemple ce qui se passe
en-dehors du lieu où elle se situe.
Elle n'y prend pas part.
Ou rarement.
C'est une figurante.
Posée là pour donner l'échelle .
En fait, il pourrait aussi bien n'y avoir personne .
> Juste un bureau, une chambre d'hôtel ...
et la lumière , dont on ne voit pas la source ,
découpe ses formes géométriques sur les murs .
La clarté en devient abstraite .
On dirait que, quel que soit le décor,
ou ce qui est peint,
tout se répète, inexorablement,
sans brutalité, sans noirceur,
se déroulant sous le regard des personnes représentées, ,
comme sous le nôtre :
le regard d'un témoin
qui voit les choses lui échapper :
le temps n'est pas arrêté .
Son passage n'est pas offert à la beauté,
ou la contemplation,
à l'inverse d'une peinture de la Renaissance :
la scène se saisit d'un quotidien ordinaire,
et des gestes banals, curieusement familiers ,
car ils sont ceux que nous pouvons faire,
comme si on se voyait juste survivre
à un spectacle qui ne nous concerne plus.
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RC - janv 2018
votre commentaire -
Collage - Max Ernst
Il y a toujours
Sur les billets de banque
Des portraits de héros
Sauveurs des nations,
Des princes et des savants
Et quelques faits marquants
Partagés en histoire ,
Légendes du pays.
Et pourquoi pas bientôt
De super- héros
Ceux des bandes dessinées
Les Mandrakes et hommes araignée
Qui nous serviraient
De papier monnaie…
—
Il y a quelquefois
Dans les livres d’images
Des dames en corsage
Qui mènent à la baguette
Des pensées sauvages
Pas celles qui sont en pot…
Des belles plantes
Le regard pas sage
Le masque coquillage
Au milieu des cascades
Qui vous portent des regards
Légèrement entr’ouverts
A vous inviter
A découper les pages
–
RC – 2 octobre 2012
votre commentaire -
photo: Lee Miller- Joseph Cornell
Imagine encore
un esprit sans corps :
c'est davantage qu'un fantasme,
pour entr'aperçevoir un ectoplasme...,> tout ce qu'on invente :
les tables tournantes ,
et la convocation des esprits,
( s'ils en ont envie ),Ils pourraient te parler
- ou garder leur bouche scellée - :
tout cela dépend
de quelques ingrédients,( et juste ce qu'il faut de mystère
avec une cloche en verre ) :
les êtres trépassent,
mais le courant passe ...La photo a surpris
cet évènement fortuit :
c'est un instant unique ,
parcouru d'ondes magnétiques,leur parcours aléatoire ,
avant qu'on puisse apercevoir
son image : ( attention
à la fragilité de la transmission ! ) :C'est le visage d'un enfant,
apparu accidentellement :
rien ne le rattache au sol,
comme flottant sur le formolretenu par des tubes blancs :
des vaisseaux vidés de leur sang,
d'où ce visage indéfini :
c'est ce qu'on appelle fort justement " une vue de l'esprit ".-
votre commentaire -
Du jardin étoilé
c'était un toit
pesant son poids
de ciel d'été
de plusieurs atmosphères :
un vide abyssal
parcouru de mistral
qu'une fausse lune éclaire,
les nuées se déroulant furieuses ,
loin du village immobile ,
- et les fers du campanile -
vallée ténébreuse
à la tranquillité factice
pourtant inquiète et raide
comme Le Greco peignant Tolède
au bord du précipice .
Des cyprès sont des flammes noires,
que l'on entendrait crépiter
défiant la réalité
d'un paysage expiatoire.
Celui-ci n'est pas décrit
avec exactitude ,
car la solitude
de Vincent est un cri
emportant tout sur son passage :
une nuit profanatrice
jetant ses feux d'artifice
juste avant l'orage
et qu'elle ne vrille
de ses grands serpents
un ciel devenu dément
au-dessus des Alpilles .-
RC - juill 2017
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