• L’image contient peut-être : 1 personne

    peinture: Peter  Sengl

     

     

    Frida et Frida,

    double portrait mécanique,

    chacune  se tient  par une manche, 

    symétrique  sans  l'être,

    sur  un fond plombé:

     

    jumelles où les mains  s'absentent,

    liens fragiles entre les veines,

    crissement des attelles métalliques

    tiroirs ouverts où le coeur épuisé 

    ne saigne  qu'avec peine .

     

    Posent-elles

    comme ces princesses

    de l'ère d'Elisabeth la première,

    scrutant l'avenir ,

    figées dans la souffrance ?

     

    -

     

    RC - juill  2019

     

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  • photo perso - mai 2019   

    photo perso - Clermont-Ferrand

    Ceux qui  naviguent  dans  l'azur,

    savent aussi que la mer

    n'est pas  toujours bleue.

    Elle a ses fureurs  d'écume,

    et sous une  apparence aimable,

    a cette profondeur noire,

    repoussant les effets de lumière,

    et reflets de ciel

    comme s'il s'agissait 

    d'une écriture maladroite

    sur la page de garde

    d'un livre revêche

    décidé à ne pas livrer ses secrets .

     

     

    Pour ma part,

    j'ai traversé des rouges

    qui dansent,

    flottant  dans  l'espace

    comme des oriflammes .

    Des rouges cerise aux vermillons ,

    en presque bruns ,

    et parfois pourpres ,

    Ils n'ont  rien de tragique ,

    et palpitent aux vents,

    ils ne cherchent pas de point  d'ancrage ,

    se lovent  dans les images,

    les photographies, 

    les peintures de Delacroix .

     

     

    C'est comme une respiration,

    ou le jaillissement  d'un cri,

    un coup de cymbale,

    avec de temps  en temps

    ses creux ombreux,

    qui laissent  supposer

    qu'il se passe quelque chose

    sous la surface .

    Mais c'est  toujours fugace,

    et il faut être juste là au bon moment

    pour sentir cette palpitation,

    pour essayer de capter

    l'instant où la couleur se révèle

    et se démultiplie à mon regard.

     

    -

    RC-  mai 2019

       

     

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  • Ce monstre familier - ( RC )Paolo Uccello - Saint Georges et le  Dragon

     

    C'est donc ce monstre familier,

    que l'on promène  en laisse..

    Présente-t-il un danger ?

    Alors, ma princesse,

    serais-tu en détresse ?

    ( il n'a pas l'air de vouloir te manger )...

     

    Mais pourquoi piétine-t-il 

    si sauvagement ,

    cet être imbécile

    les parterres de mon jardin

    alignés bien sagement ,

    - et avec le plus grand  soin ?

     

    Voila venu fort à point

    St Georges  sur  son cheval,

    qui s'élance,

    et en un tour de main,

    transperce l'animal

    d'un terrible coup de lance !

     

    Il se peut  qu'on se demande

    d'où vient ce cavalier

    surgi de nulle part ,

    ce saint aventurier,

    nécessaire à l'histoire

    si on en croit la légende .

     

    On ne sait ce qu'en pense la reine,

    elle semble parader dans son salon :

    ( on dirait qu'elle  s'en fiche,

    indifférente à la scène ):

    elle ne s'était pas aperçue que son caniche

    s'était transformé en dragon .

     

    Ce sont des choses qui arrivent

    quand on pense à autre  chose ,

    même encore de nos jours :

    les idées dérivent

    et suivent un autre  cours...

    Ah,     si j'avais  cultivé  des roses !

     

    Je n'avais pas vu venir

    ce terrible nuage sombre

    annonçant l'éclipse...

    Je convoquerai à l'avenir,

    le cavalier  de l'apocalypse ,

    pour que le jour repousse l'ombre .

     

    Uccello nous le dit en peinture,

    - on a évité de peu l'orage

    dissimulé derrière la forêt ,

    -  Mais de cet épisode, que faut-il en conclure ?

    cette image  a quelque  chose  de suspect

    quelque peu invraisemblable :( on dirait un collage )...

     

    -

     

    RC -  avr  2019

     

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  • sur une  sculpture  d'Antoine Bourdelle ...

     

    Lire la suite...

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  •  

     

     

    Le limon noir de ma nuit

    Peinture: Pierre Soulages

     

     

     

    S'il faut plaquer  sur une  toile  

    le limon noir de ma nuit,

    je me sens  prisonnier  de  la matière,

    trop opaque pour 

    que j'échappe à sa consistance.

       

                 Le corps est trop léger,          ou trop frivole,

    - je ne peux laisser mon empreinte

    dans  ce noir qui m'ignore -  .

           Je ne traverse pas les  énigmes 

           les  paupières  closes,

    je n'en ai pas le pouvoir :

    la vraie  clarté se trouve  en intérieur,

    la surface a des reflets trompeurs .

     

            Il faudrait que  je la griffe,

    mais la nuit  ne se tient  pas  debout

    et ignore mes traces.

    De même,        avec ma plume,  je pourrais 

    tenter  d'écrire  en fermant les yeux,

    prendre  d'assaut des ponts de silence,

            mais ce serait sur une page  obscure,

    sa consistance même  , buvant l'écriture

     

    alors, je laisse  les choses où elles sont,

    j'ignore les  détails et les bruits .

         J'ai besoin de retrouver les couleurs  enfouies.

    Elles ne sont pas perdues .

    Un peu de lumière les  restituera.

                                                                   J'attendrai.

     

    -

    RC-  avr   2019

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  • Elliott  Erwitt  autoportrait

     

     

    Le photographe se regarde

    et s'étonne de se retrouver

    sur le cliché ,

    ( l'appareil face au miroir ),

    lui qui aurait voulu

    se fondre  avec le mur,

     

    se camoufler dans la nature,

    se fondre dans une  autre personne,

    sous le masque peint  du clown,

    en quelques traits charbonneux , 

    les sourcils levés

    d'un étonnement feint ;

     

    et le nez qu'on imagine

    en boule rouge,

    mais la photo ne le dit pas. 

     

    On ne sait si Elliott Erwitt

    se travestit ,

    à la suite de ses portraits de chien

    ici , en dalmatien,

     

    si c'est d'humour

    ou de surprise

    d'appartenir à une lignée

    qui fait le lien

    avec l'animalité ,

    la  dérision et la tragédie :

     

    la pose est volontaire

    mais le regard  acéré

    a cette inquiétude

    de celui de Rembrandt

    quand il témoigne

    des années qu'il traverse .

     

    L'instantané photographié

    révélant peut-être 

    autre chose à son auteur

    qu'une mise en scène comique .

    Son visage  en serait l'enjeu,

    le nôtre pourrait aussi l'être .

    -

    RC- mars  2019

     

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  •  

     

    peinture: Paul Klee : les coups héroïques

     Image associée

     

    On ne sait pas exactement ,

    s'il s'agit d'une énigme à résoudre ,

    s'il faut suivre des pistes ,

    qui s'égarent dans la peinture ,

    si on doit se frotter à la matière,

    rugueuse au premier abord,

     

     

    et qu'il faut caresser,

    à la manière du vent ,

    qui finit par éroder

    les rochers les plus drus .

     

    Des lignes se croisent,

    ou prennent

    un malin plaisir à s'éviter,

    basculées dans un paysage incertain.

     

    Certaines sont effacées ,

    ou conduisent à des formes

    surgissant de nulle part ,

    dans les tableaux de Klee.

     

    Faut-il y voir une facétie ,

    ou des tracés

    qui supposent

    que l'on aborde

    dans un monde

    où les règles se courbent

    dans un langage

    qui nous est inconnu ,

    et pourtant familier ?

     

    Sa fraîcheur

    nous mènerait plutôt ,

    dans une sorte de réminiscence,

    où les lignes s'élancent

    dans le jardin de l'enfance :

     

    il convient de s'y plonger

    comme dans une aventure

    chaque fois renouvelée,

    sans chercher à la décrypter .

     

    - RC - nov 2018 -

     

    texte basé sur celui d'Henri Michaux, - voir ci-dessous

     

    Une ligne rencontre une ligne.

    Une ligne évite une ligne. Aventures de lignes. (...)

    Pour entrer dans ses tableaux et d'emblée (...),

    il suffit d'avoir gardé soi-même la conscience de vivre dans un monde d'énigmes,

    auquel c'est en énigmes aussi              qu'il convient le mieux de répondre". 

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  •    Résultat de recherche d'images pour "picasso flutiste"

     

      Un flûtiste ,             un torero

           une pipe ,             un matelot,

           une  chèvre  équilibriste,

    ( de format cubiste  )  ,

    des visages au regard insondable,

    qui n'ont pas l'air aimables .

     

    -     Je revois Jacqueline

    traversée par des lignes  -

    ...    et ce qui relie

    le peintre à la vie   , 

    obsédé par son sujet

    qui reste pourtant muet .

     

    La multitude des variations

    semble en prendre possession

    quand il le campe

    sous la douleur d'une  lampe :

                -   si on prend le cas

    du bombardement de Guernica ...

     

    ce n'est pas pourtant l'esthétique

    des instants tragiques

    qui nous remue,

             mais les angles aigus

             qui nous transpercent

    et nous agressent

    ou le crissement de couleurs  crues

    à l'assemblage incongru .

     

           C'est comme un vocabulaire

                 ou une liste à la Prévert

                 Un flûtiste ,               un torero

    Une bouteille,      des papiers journaux,

            des poireaux,      des oignons,

           et les yeux vides d'un poisson

     

    ( ces choses bien ordinaires,

    ne cherchent pas à plaire :

    mais leur assemblage  étrange,

    quelque part,  dérange )

    comme ce paysage méditerrannéen

    aux accents lointains ,

    où  les couleurs piquent

    davantage que sous les tropiques...

     

    Il semble  que le peintre expie

    toute une tragédie

              quand il multiplie

              presque à l'infini ,

    la brisure des miroirs,

    et la distance qui  sépare

    d'une  façon  irrationnelle

           le peintre et son modèle.  

     

    Ce baiser         était-il un brasier

    mordant aux lèvres de l'aimée ,

    et le regard perdu dans le lointain,

    condamné      une  éternelle faim ?

     

    -

    RC - nov  2018

     

     

    ( c'est une  "variation-digression", sur le texte de Susanne Derève, qui suit....)

     

     

       

    Résultat de recherche d'images pour "Picasso paysage méditerranéen"

    P Picasso           Paysage méditérrannéen

     

     

    SD   :    l'homme  au chapeau

     

     

    Un flûtiste un torero

    une pipe un matelot

     

    L'homme au chapeau avait-il une jambe

    de bois

    L'homme aux jambes croisées n'en avait pas

     

    Un  baiser

    qui mordait aux lèvres bien-aimées

    La femme au long museau avait une oreille

    de trop

     

    Une queue de cheval

    à l'eau

     

                       Et puis ce corps abandonné

                       dans l'ombre douce d'une estampe

                       et qu'à la lueur d'une lampe

                       on devinait …

      

    Jacqueline au cou de girafe

    frêle Cléopâtre en carafe

    Jacqueline ornée pour la fête

    Jacqueline nue pied en tête

     

    Arlésienne  de pacotille

    Espagnole à la mantille

    A woman in a green dress comme à confesse

     Sous toutes les coutures

    un peintre et son modèle

    Des coutures, il ne garde qu'elles

     

    Une trapéziste, un elfe qui glisse

    La Californie on quitte Paris

     

    Un vieux mousquetaire et son reliquaire

    Female bodies new discoveries

    Une queue de cheval

    Pour aller au bal

    Et un caraco

    Couleur menthe à l'eau

     

    Et puis ce corps abandonné

    Dans l'ombre douce d'une estampe

    Qui dans la tiédeur de la lampe

     

    Me regardait ...

    --

     

    Résultat de recherche d'images pour "Picasso baiser"

     P Picasso   le baiser

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  • Image associée

    Dessin :  René Magritte

     

     

          Vous allez voir debout,

    image tatouée de lune,

            la statue de chair ,

    qui vous offre ses pommes ,

    ( un visage dressé sur les jambes,

    jaillissant d'un cou,    d'une  colonne  ).

     

         Son sourire est vertical ,

    et pourvu d'un nid,  soyeux .

         Il avale les oiseaux de passage ,

    qui oublient la prudence,

    et deviennent une proie

          quand ils s'endorment .

     

    La chevelure est embrouillée ,

    et a l'allure d'un  buisson sauvage,

    diffusant ses essences 

    aux vents  chauds  de l'été .

     

    Elle impose sa loi    par son sexe ,

    et son regard a les aréoles pointues ,

    qui font croire aux hommes ,

    qu'ils en sont conquérants   :

         -  ils se disent pourvus

            d'un solide appétit   .

     

    Mais la faim est vite repue ,

    et les voila bientôt assoupis ,

    alors que d'abord ,  elle se nourrit d'eux ,

    à  chaque fois  rendue plus forte  .

     

    Une ogresse à l'apparence aimable,

             mais froide , 

    qui dissimule ses serres,

    comme un félin, derrière des mains douces ,

    peut-être  l'avez vous déjà vue

    au détour  d'un chemin ,

     

          elle  vous offrira ses fruits  .

     

    Résultat de recherche d'images pour "magritte apple"

     "Avis aux croqueurs de pommes"

    -

    RC - aout 2018

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  • J'essayais de me mouler dans son désir...

    photo Catherine Loth  -   musée des moulages, Lyon

    ---

    J'essayais de me mouler dans son désir.
    Il y avait la lumière
    qui caressait son corps,
    la courbe de ses gestes,
    l'invitation de son regard.
    J'essayais de me lover
    dans la trajectoire des sens,
    mais les mains restaient dures,
    le torse de la sculpture
    immobile
    dans sa rigidité
    d'image, qui trompe les sens
    en faisant passer le marbre
    pour de la chair .
    -

    RC - jui

    ll 2018

     

     

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  • dessin sur les baigneuses de PicassoLe peintre  a posé  son regard

     
    Le peintre  a posé  son regard
    sur la plage.
    C'était un de ces après-midi
    ensoleillés,
    où la couleur du ciel
    n'est perturbée  que par les traînées
    de légers nuages .
     
    Trois modèles apparaissent,
    nonchalantes,
    habillées de couleurs vives,
    sorties de la palette :
    et le temps  semble  s'être  arrêté,
    comme le vent, emprisonné
    dans la chevelure .
     
    Aucune  d'elles ne semble
    avoir mis le pied dans l'eau :
    elle ressemblent à des personnages
    d'un rideau  de scène,
    comme de ceux que l'on abaissait
    pendant les changements de décor .
     
    Peut-être vont--elles  s'animer  ensuite :
    nul ne le sait .
    Il faudrait une  autre version de l'image.
    On chercherait dans les variations,
    des différences, même, à peine visibles  :
    est-ce  le phare  qui clignote,
    ou le voilier qui a changé  de place ?
     
    Les couleurs  du temps  sont  trompeuses,
    et on se demande  pourquoi le peintre  a choisi
    de donner  ces positions  aux baigneuses,
    qui n'en sont pas,    précisément.
     
    RC 
     
    illustration: dessin perso  sur tablette  graphique.
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  •  

     

     

     

     

     

     



    peinture:     Nicolas de Staël Notes finales pour une nature-morte

     

    Comment le peintre  s'en va  

    explorant les  lointains,

    puis revient dans une  nature morte

    avec de grandes  zones plates .

     

    Ce sont des murs de couleur .

    Ils se dressent.

    Ils  débordent de leurs limites,

    comme les bouteilles

    dressées sur la table  de l'atelier .

     

    Leur texture se  sent  presque ,

    même  si aucun détail ne la montre.

    Leur  distance s'annule 

    comme la pesanteur

    sous de larges  coups de brosse.

     

    Deux formes rouge et bleu, sans nuance

    combattent des grisés de mauve .

    On ne les identifie pas 

    et cela n'a pas  d'importance .

     

    Une note finale,

    stridence nécessaire,

    comme à la fin d'un chorus de jazz,

    l'éclat cuivré d'un coup de  cymbale .

     

    -

    RC -  fev  2018

     

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  • sculpture: C Brancusi

    sculpture  C Brancusi

     

     

    -

     

     

    L'oiseau de passage

    Flèche  les pages

    Données  au vent.

     

    Il ne laisse trace,

    Que l'ombre fugace,

    Courant  sur le sol,

     

    Et les ruisseaux, les forêts,

    Oublient  tout de l'image,

    Car elle est sans mémoire.

     

    Elle ne s'accroche ,    qu'au temps,

    Celui de l'envol,

    Celui de      l'instant présent.

     

    Qu'importe     le nom des hommes,

    S'ils font de leur vie un envol...

    Ils s'accomplissent  autrement,

     

    Même sans graver leur nom dans l'histoire.

     

    -

     

     

     

    RC- août 2014

     

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  •                  

    La muse endormie -  ( RC )

     sculpture: C Brancusi

     

    Elle est là, lisse et brillante,

    comme une goutte d'eau posée ...

    Ce pourrait être sur un lit de branches,

    ou coussin de velours         .

                          Elle repose, immobile,

    mais cela n'a rien à voir avec la mort.

     

    Elle rêve en son sommeil ,

    concentrée sur son rêve de bronze ,

    lisse dedans, sereine   :

    tout est possible dans ses pensées,

    la muse sourit en silence

    dans son sommeil.

     

    Ni déesse solennelle,

    ni allégorie,        elle a aucun attribut,

    ne présente qu'elle même ,

    naturelle au point que l'on oublie,

    que,                     toute entière  dans son seul visage  :

                                                                       la sculpture a délaissé son corps .

     

            Elle est là,        lisse et brillante,

    et attend avec bienveillance,

    comme une évidence .

    Elle est muette, endormie,        suivie de son ombre ronde :

             Attends qu'elle se réveille,

    elle te confiera son secret.

     

    -

    RC - janv 2018

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  • Un temps  qui n'a ni début, ni fin - ( RC )

     

    photo Jason De Freitas--  voir aussi   de Patrice Terraz voir portfolio 

     

     

    Il y a sur la mer des ombres immobiles,
    noires,
    aussi denses que pourrait l'être
    l'espace d'un mutisme.

    Il ne dit rien de lui-même,
    clos sur son silence,
    alors que tourne le ciel,
    autour d'un centre indéfini,
    que peut-être on ne peut imaginer.

    C'est sans doute
    parce qu'on fixe sur la pellicule,
    le temps qui défile,
    et se courbe .

    Le regard ne le traverse pas :
    sa distance se confronte à l'épaisseur de la nuit,
    mais celle-ci palpite de lumière,
    moins pesante que la pierre :
    un vol engourdi et circulaire.

    Un temps qui n'a ni début, ni fin .

    -
    RC - janv 2018

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  • Katia Bourdarel - Le ruban

    peinture:  Katia Bourdarel  "le  ruban"

     

     

    J'ai vu cette main en gros plan,

    posée sur un membre,

    ou un corps  souple .

    Peut-être  était-ce celui d'un autre

    plutôt que celui de  la personne  

    à qui appartient la main.

     

    Rien ne l'indique .

    Ou peut-être  une  légère  différence 

    de pigmentation de la peau  :

    Les doigts sont face à nous .

    La main repose, légère,

    abandonnée.

    Lassitude,  tendresse ?

     

    Elle s'enfonce légèrement 

    dans la peau, souple, accueillante.

    Mais les ombres sont  pourtant assez marquées :

    elles tirent sur le mauve.

     

    Ce qui surprend , 

    c'est  aussi l'ombre portée du bras

    sur l'arrière plan,

    placé précisément sur l'axe diagonal du tableau ;

     

    comme si  celui-ci était plaqué

    sur la surface  d'un mur, 

    donc n'ayant pas l'espace nécessaire

    pour qu'il puisse se poser

    sans faire une  contorsion.

     

    C'est une main féminine, 

    et le torse,  horizontal,

    si ç'en est un, 

    montre un petit grain de beauté  

    au niveau du pouce :

     

    cela fait un ensemble empreint de douceur, 

    mais l'arrangement de l'ensemble

    ne semble pas tout à fait naturel :

    la position rappelle un peu

    celle de la main de l'Olympia,   de Manet.

     

    Le titre attire notre attention

    sur un ruban noir étroit,

    noué au niveau du poignet.

    C'est un détail, 

    qui réhausse le côté un peu blafard de la chair;

    et on se demande s'il y a un sens particulier,

    donné par sa présence:

     

    s'il était placé plus haut, 

    ou ailleurs, 

    plus  épais, d'une teinte différente.

    Si le noeud  n'était pas si  apparent...,

    et s'il n'y avait rien du tout,

    seulement  son empreinte  ?

     

    Comme un ruban du même type 

    est aussi présent dans l'Olympia,

    mais autour du cou, et noir également

    c'est une similitude,

    comme l'oblique  du bras,

    qui n'est peut-être pas  fortuite ,

    et on s'attendrait sur d'autres  toiles,

    à des rapprochements similaires...

     

    -

    RC   - janv  2018

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  •  

    Des personnages- témoins, chez  Edgar Hopper

     

    Il y a une personne,      seule, souvent.

    Elle  regarde  dehors.

    Quoi ?           on ne sait pas .

    Cette personne  est isolée .

    Non pas seule,   mais isolée :

    elle  contemple  ce qui se passe

    en-dehors du lieu où elle se situe.

    Elle n'y prend pas part.

    Ou rarement.

    C'est une  figurante.

    Posée là pour donner l'échelle .

     

    En fait, il pourrait aussi bien n'y avoir personne .

    >    Juste un bureau,      une chambre  d'hôtel ... 

    et la lumière ,          dont on ne voit pas la source ,

    découpe ses formes géométriques sur les murs .

    La clarté en devient  abstraite .

    On dirait que,          quel que soit le décor,

                                      ou ce qui est peint, 

    tout se répète,       inexorablement,

    sans brutalité, sans noirceur,

    se déroulant sous le regard des personnes représentées, ,

    comme sous le nôtre :

     

    le regard d'un témoin 

    qui voit les choses lui échapper :

              le temps  n'est pas arrêté .

    Son passage n'est pas offert à la beauté,

    ou la contemplation,

    à l'inverse d'une peinture de la Renaissance :

    la scène se saisit d'un quotidien ordinaire,

    et des gestes banals,     curieusement familiers ,

    car ils sont ceux que nous pouvons faire,

    comme si on se voyait juste    survivre 

    à un spectacle        qui ne nous  concerne plus.

     

    -

    RC - janv  2018

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  • Collage - Max  Ernst

     

     

    Il y a toujours

    Sur les billets de banque

    Des portraits de héros

    Sauveurs des nations,

    Des princes et des savants

    Et quelques faits marquants

    Partagés en histoire ,

    Légendes  du pays.

    Et pourquoi pas bientôt

    De super- héros

    Ceux des bandes dessinées

    Les Mandrakes  et hommes araignée

    Qui nous serviraient

    De papier monnaie…

    Il y a quelquefois

    Dans les livres  d’images

    Des dames en corsage

    Qui mènent à la baguette

    Des pensées sauvages

    Pas celles qui sont en pot…

    Des belles plantes

    Le regard pas sage

    Le masque coquillage

    Au milieu des cascades

    Qui vous portent des regards

    Légèrement entr’ouverts

    A vous inviter

    A découper les pages

    RC –  2 octobre 2012

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  •     

    photo:  Lee Miller- Joseph Cornell

     

     

      Imagine encore 

    un esprit sans corps  :
            c'est davantage qu'un fantasme,
    pour entr'aperçevoir un ectoplasme...,

     

    >         tout ce qu'on invente :
    les tables tournantes ,
    et la convocation des esprits,
                           ( s'ils en ont envie ),

     

    Ils pourraient te parler
    -        ou garder leur bouche scellée     - :
    tout cela dépend
    de quelques ingrédients,

     

    ( et juste ce qu'il faut de mystère
    avec une cloche en verre )  :
                           les êtres trépassent,
                          mais le courant passe ...

                 

               La photo a surpris
    cet évènement fortuit :
            c'est un instant unique ,
    parcouru d'ondes magnétiques,

     

    leur parcours aléatoire ,
    avant qu'on puisse apercevoir
    son image :                  ( attention
    à la fragilité de la transmission ! ) :

     

    C'est le visage d'un enfant,
    apparu accidentellement :
                rien ne le rattache au sol,
         comme flottant sur le formol

     

    retenu par des tubes blancs :
            des vaisseaux vidés de leur sang,
    d'où ce visage indéfini :
    c'est ce qu'on appelle fort justement       " une vue de l'esprit ".

    -

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  •  

     

     

     

    Du jardin étoilé
    c'était un toit
    pesant son poids
    de ciel d'été
    de plusieurs atmosphères :
                un vide abyssal
    parcouru de mistral
    qu'une fausse lune éclaire,
    les nuées se déroulant furieuses ,
    loin du village immobile ,
    - et les fers du campanile - 
    vallée ténébreuse
    à la tranquillité factice
    pourtant inquiète et raide
    comme Le Greco peignant Tolède
    au bord du précipice .
    Des cyprès sont des flammes noires,
    que l'on entendrait crépiter
    défiant la réalité
    d'un paysage expiatoire.
                 Celui-ci n'est pas décrit
                 avec exactitude ,
    car la solitude
    de Vincent            est un cri
    emportant tout sur son passage :
             une nuit profanatrice
    jetant ses feux d'artifice
    juste avant l'orage
    et qu'elle ne vrille
    de ses grands serpents
    un ciel devenu dément
    au-dessus des Alpilles .

    -


    RC - juill 2017

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