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peinture H Matisse : deux filles sur un fond corail, jardin bleu Collection Barnes
N'as tu jamais rêvé d' un jardin,
qui s'éveillerait à la nuit ?
( et ses arbres bleus,
vaguement brossés
dans un carré suspendu...)
Ce serait une fenêtre
ouverte sur un intérieur
quand s'approche minuit ,
que nos corps fatigués par la lecture ,
se dessinent avec peine sur le fond corail.
Les joncs, dans leur halo blanc
sont prêts à envahir tout l'espace libre:
on se demande ce qui les retient,
si ce n'est le vent ,
qui retient son souffle.
Il semble qu'une silhouette indécise
s'approche de la fenêtre,
toute vêtue du bleu d'un ciel
qui a commencé à confondre l'air,
mangeant branches et feuillages .
Rien ne pourra s'opposer
à ce qu'elle rentre,
lentement - comme dans ces films
où les nuages
se glissent sous les portes - ,
à moins que le peintre
ne remplace la nuit,
elle qui se déplace sans bruit ,
en accrochant au mur,
le calme d'un jardin de printemps .
RC nov 2020
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Celui qui vient et regarde,
arrive un peu trop tard.
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Le pire n'est pas certain,
si l'oiseau décrit le paysage
et délaisse son oeuf ,
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c'est que la faim
lui fait mordre les pierres .
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Il côtoie les figures allongées ,
depuis que le lierre
les a privées de liberté .
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Ou bien, gardien du phare,
il crie plus fort que la nuit .
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D'autres ombres s'enfuient :
celles de Rotheneuf,
où le soleil s'égare,
secoué d'embruns.
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Il reviendra, c'est certain ,
mais tu arrives toujours trop tard.
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Courtes sont les heures qui passent,
se hâtant de te mettre à l'écart :
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Aujourd'hui n'est plus hier :
L'oiseau qui trépasse
s'est transformé en pierre.
RC ( en relation ,aussi avec les rochers sculptés de Rothéneuf, vers Saint Malo )------> photo perso
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Lors d'un voyage à Londres
n'aurais-tu pas vu la femme blonde,
celle dont les épaules rondes
cachaient une partie du monde ?
Je n'aurais pu lui donner un âge,
ou compter sur mes doigts les ans
qu'elle portait comme autant d'enfants...
De profil, une queue de coquillage
J'ai compté jusqu'à onze
ses petits pas menus
quand elle se promène à demi nue,
entr'ouvrant sa robe de bronze.
Ne cherchez pas de midi à quatorze heures:
la belle allemande ne vous reçoit qu'à genoux,
et encore, seulement sur rendez-vous...
Jamais vous ne la prendriez pour votre soeur...
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RC - aout 2020
( sur une sculpture de Max Ernst " la belle allemande" )
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peinture: James Ensor: autoportrait aux masques
Si je me rappelle mes cours de physique,
ce seraient de ces forces opposées
qui s'affrontent comme des pensées contraires.
L'expérience renouvelée du couple de torsion
engendre le mouvement inverse
dès lors que les contraintes se relâchent.
Si l'art est sujet à ces contraintes,
que deviendrait-il si celles-ci disparaissent ?
Les paysages tourmentés reviendraient-ils au calme,
Van Gogh ou Ensor, échangerait-ils leur style
pour des autoportraits
qui pactisent avec ceux de Rembrandt ?
Leur visage, dans la réalité qu'ils traversent
est-il parcouru par le temps
qui leur impose leur marque ,
comme la tension d'une corde
trop serrée laissant son empreinte
en creux, dans la peau ?
Relâchons la tension, annulons ces forces ...
le visage représenté deviendrait-il aussi lisse qu'un masque neutre ,
n'ayant rien à confier à notre propre regard ?
rc
masque populaire mexicain
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peinture - Van Gogh ( recadrée pour l'occasion )
L'herbe ne bouge plus,
le vent est pris
dans des nuances d'hiver.
Les ombres se peignent, bleues;
les arbres ont leurs crochets noirs,
et s'essaient à attraper le silence.
La terre retournée a lié son destin
à la charrue immobilisée.
L'art est venu s'agenouiller
devant un paysage
qu'il a détourné du passage des saisons .
Sa pâte épaisse a pourtant
le poids vivant de l'allégresse .
En le voyant, je me souviens
de l'avoir déjà croisé :
- c'est comme s'il palpitait
avec des couleurs
que je n'aurais pu imaginer -
sans avoir rencontré
leur crépitement ,
dont on voit encore
le magma prometteur
sur la palette.
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Antoni Tàpies, Cruz y tierra, 1975
Si tu dresses un mur de silence,
que tu tentes d'effacer le langage,
celui-ci resurgit un jour
malgré les cicatrices.
Certains ont gravé leur nom
sur les murs des cellules.
Il y a des lettres de sang
et parfois des croix
- autant de baillons
sur des bouches qui hurlent encore -
C'est un ensemble de métaphores,
qui parle dans la matière:
une matière crucifiée.
Un autre Guernica,
une autre façon
de traduire l'oppression,
dans les oeuvres de Tapiès .
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RC- avr 2020
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peinture: probablement Vélasquez..; ( exposé au Rijksmusem) d'amsterdam
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Nôtre évêque est mort,
et c'est bien dommage
pour le clergé.
On dirait qu'il dort,
et nous laisse dans un veuvage
éternellement inconsolés.
Crois-tu qu'ainsi
les hommes les plus puissants
s'immortalisent ?
Que le paradis
compte dans ses rangs
les gens de l'église ?
A force d'imprécations
le vieil évêque
a oublié de regarder l'heure .
Il ne donne plus illusion,
car un peu sec
dans sa dernière demeure.
D'un aspect assez négligé,
il ne sent pas très bon,
crispé sur sa crosse.
C'est vrai qu'il était assez âgé,
et en cours de transformation,
n'ayant que la peau sur les os.
Mais il a droit - tout de même -,
au cercueil tapissé de velours
payé par les fidèles.
On évitera le blasphème,
à défaut de lui prodiguer notre amour,
c'est une fin bien naturelle....
Dieu l'a rappelé à lui
- enfin la partie invisible -
car de petits insectes en font leur festin.
( Pendant qu'il se sanctifie
son corps ne paraît guère sensible
à leur parcours souterrain ).
Il faut bien nourrir ces petites bêtes,
( ce sont aussi des créatures du bon Dieu )
si l'on retourne à la terre
Quand il ne sera plus que squelette
- rien ne le distinguera de celui des gueux -
sous une lourde pierre .
On ne s'en fera pas pour lui :
il a fait de grandes actions
qui resteront dans les mémoires :
En souvenir, l'église le remercie
d'avoir pratiqué l'inquisition
pour sa plus grande Gloire .
Il a servi les princes et les rois
et la puissance divine
( de son temps, il fit des envieux )
Il a eu droit à une belle croix,
l'ombre d'une glycine ,
que demander de mieux ?
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RC- avr 2020
2 commentaires -
photo Gjon Mili
La caméra est immobile,
le studio est sombre,
elle n'enregistrerait que l'absence.
Mais dans l'obscurité tu peux voir
un point lumineux qui se déplace,
et dessine; à la place d'une craie, danse
un personnage dans l'espace.
Picasso est à l'oeuvre,
et de ses mouvements
un minotaure s'élance ,
sans le support d'une feuille
ou d'une toile.
Les gestes s'envolent,
et se précisent,
en quelques minutes seulement.
Imagine qu'une colombe blanche
par le seul battement de ses ailes
laisse une trace
persistante au fond de la rétine...
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RC- mars 20
votre commentaire -
art: relief sur bois de D Dewar - Gr Giquel. Biennale d'art contemporain de Lyon 2019
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C'est un panneau en bois, bien épais,
que l'on imaginerait
comme une porte de placard :
on n'en voit qu'une part.
C'est du chêne sculpté
où des imprudents se sont aventurés
sans se douter
qu'ils en seraient sculptés.
Ce sont des torses musclés
comme fossilisés
que l'on a retrouvé
des bras redoublés
et même un pied
que l'on voit de face:
du bois il dépasse
de la gangue épaisse
tout comme ces fesses
n'allant pas par paires,
que l'on énumère.
On se demande comment
par conséquent
le corps bancal
dans sa présence sculpturale
se multiplie ou se dédouble .
C'est que la vue se trouble
au fil du temps
certains éléments sont manquants :
il faut aller les chercher
de l'autre côté
comme le géologue
à la recherche d'éléments analogues.
Quel est donc le bon endroit ?
- de l'autre côté du bois ?
On connaît à peu près son aspect,
mais comme on le sait,
même chantourné, il n'est pas transparent,
indifférent aux faux semblants .
Tu verras des torses masculins
et aussi des seins
- guirlande et farandole -
sans pour autant qu'ils flageolent
appartenant à ces mâles.
Vient se poster un animal
( en surexposition où on ne l'attend pas ) :
c'est donc un poisson plat .
Il ne semble pas étonné
de se retrouver immobilisé:
fossile habité, de bois poli
intégré à cette chorégraphie.
votre commentaire -
peinture: Innocent X, par Francis Bacon, et Diego Velasquez
Installé dans ce fauteuil sévère,
ce personnage drapé de rouge
vomit toujours ses imprécations
sur le fond sombre de l'histoire.
Le portrait que fait Vélasquez
du pape Innocent X
est celui d'une figure de pouvoir,
peu porté sur la plaisanterie.
Son oeil pointu a quelque chose
de l'un des tortionnaires
des 120 journées de Sodome,
coupant comme rasoir.
On ne sait plus si cette image
est fidèle à l'homme
qui s'assit dans ce trône
à cette époque
mais aujourd'hui c'est son écho
à travers les peintures de Francis Bacon
qui nous parvient,
hurlant , bouche grande ouverte,
au point que le cri
traverse tellement la toile
qu'il en efface le côté humain,
puis les traits de son visage .
A la façon de celles du piranha,
les dents sont carnassières,
le gouffre noir de la gueule,
prêt à nous avaler.
De celui de Munch
au film du Cuirassé Potemkine,
l'obsession du cri habite l'artiste,
hante son oeuvre et notre époque.
Les dictateurs de notre siècle
ont ce quelque chose,
qui rappelle les anthropophages :
ce sont des prédateurs
assoiffés de pouvoir
et de sang,
incrustés sur leur trône,
sangsues de l'humanité.
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RC - dec 2019
1 commentaire -
Que reste-il du passage de l’ange,
une fois qu’on a ramassé
ce qui traîne : quelques objets,
fragiles et ternes ? : des débris
auxquels on n’aurait pas prêté attention ,
Ainsi nous questionnent ces traces de combat :
ces cicatrices
et végétaux desséchés
suspendus : ( des corps oubliés
dans des boîtes de verre, sur un fond gris ).
C’est la terre qui se replie
sur elle-même.
Elle a soif d’humanité et se craquelle.
Sous les gravats pointent des fers ;
membres tordus de douleur
lançant de vains appels
dans l’écrasant silence ,
que les reliquaires
conservent , à la façon de fleurs mortes
entre les pages d’un vieux livre...
On peut procéder à la pesée des âmes,
on ne sait qui tient la balance,
puisque les plumes y sont plus lourdes
que l’argile , que les mottes de terre
d’un pays qui meurt.
C’est peut-être ce qui subsiste
après la bataille:
quelques restes rouillés
plantés dans l’étendue
d’un désert calciné .
On ne se confronte pas à l’Ange:
c’est une figure vengeresse,
venue de l’Apocalypse:
d’un passé, il a fait table rase :
on ne retourne pas au paradis perdu :
Le monde est à refaire,
un oeuf intact
en marque l’origine,
mais personne ne sait
s’ il abrite un serpent.
ce texte est issu de l'impression de l'exposition d'oeuvres de Anselm Kiefer
au couvent de la Tourette, près de Lyon. (photos perso hors flyer )
votre commentaire -
photo: Frantisek Drtikol
Une sainte a détourné son regard
des images pieuses,
de l'autre côté du miroir.
Est-il sans tain,
elle, dont le regard réfléchi
se transforme en négatif ?
Le chapelet dans les mains
devient cette cordelette
où les prières qui le symbolisent
sont autant de maillons
d'une chaîne invisible .
Doit-on comprendre
qu'elle en est prisonnière ?
Le miroir efface d'un coup
la robe de bure,
et l'austérité des gestes.
Notre sainte s'en accommode
comme dans les peintures baroques,
et ce qui est ombre
rayonne d'une lumière indéfinie ,
semblant palpiter de l'intérieur.
Elle modèle le corps
comme le ferait le sculpteur
de son volume de glaise.
La vie en sourd , palpable ,
comme celle des pulsations cardiaques.
C'est une transformation
qui s'opère à mesure
que les sels d'argent
cristallisent cet enchantement
dans le laboratoire du photographe.
- RC- dec 2019
votre commentaire -
peinture: Fernand Léger Mona-Lisa aux clefs – 1930
La Joconde est sortie des nuages.
Elle a l’air bien songeuse ,
et s’est détachée , ténébreuse,
en partie, de l’image.
On connait mieux la peinture de Léonard
que celle de Léger
( elle a depuis, perdu ses clefs ) :
celles qui ouvrent la porte de l'art.
Oublié le sfumato,
et voici la danse des lignes,
des cercles et des signes,
qui parcourent le tableau.
Elle est comme une image pieuse,
-- vous voyez bien, comme celles
qu'on trouve dans les pages du missel
( une icône, et des plus fameuses ).
Qui, malgré son caractère profane,
et son décor imaginaire,
est célèbre sur la terre entière .
Ce modèle est juste une femme :
Il en est ainsi,
mais, toujours elle attire
Les foules avec son sourire :
Ce sacré Vinci
En peignant cette demoiselle
Ne pensait pas en faire une star
de l'histoire de l'art ;
- mais, retour dans le réel:
Même sortie de la toile,
c'était peut-être une sainte
telle qu'elle était peinte,
ayant égaré son auréole, ou son étoile.
En attendant de la retrouver
- elle n'en a pas fait le deuil -
elle vous adresse un clin d'oeil
ce qui était plutôt osé, en ces temps reculés.
On dit bien que tout se retrouve
et rien ne se perd, mais jamais elle ne désespère
bien que prisonnière,
du Musée du Louvre.
Si Duchamp la renomme,
et lui met des moustaches,
que personne ne se fâche,
ce pourrait être un homme !
En dehors de son cadre lourd, on pourra la voir
en illustration banale
imprimée en cartes-postales
sur les présentoirs.
Quelle est donc l'énigme de cette peinture ?
Et avec elle, la clef du mystère,
Où se trouve la serrure ?
... en conjectures on se perd.
Ayez en tête cet évènement fortuit,
qui posa plein de questions:
Une machine à coudre, sur la table d'opérations,
et Mona cachée sous le parapluie ...
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RC - juin 2016 le parapluie .. – RC – juin 2016
the composition with the umbrella .jpg penture:
Fernand Léger – composition au parapluie 1932
votre commentaire -
Photo Christian Reisler
Courir, toujours courir
dans la nuit réglisse
le pied léger
alors que la nuit glisse
toujours en devenir
sur l'asphalte mouillée.
Sais-tu seulement
où tu te diriges ?
c'est le temps compté qui inflige
le mouvement automatique,
où tes jambes te portent
à travers la ville ;
vas tu semer tes poursuivants
avec ce pas agile ,
en cet instant de panique ?
à moins qu'avec audace
tu ne fasses demi-tour
tu leur fais face :
acte de bravoure
ou bien eux en retour
se sentent poursuivis :
à chacun son tour
de tenir dans ses mains
une partie de la nuit
malgré la pluie et le crachin
qui tombent toujours,
et toi tu cours
... eux aussi
Personne ne sait exactement
quel est le poursuivant
et le poursuivi
- ni ce qui le motive -
en définitive:
peut-être n'y a-t-il pas plus de but
que l'ultime chute
quand le matin efface
toute trace d'angoisse
( c'est que le non-dit
n'est pas inscrit
sur la photographie )
votre commentaire -
Tous groupés dans une salle,
une lumière chiche rebondit sur le cadavre,
malgré les corps des hommes
qui se penchent sur lui,
observateurs indiscrets,
comme pris en photo malgré eux,
penchés sur une mécanique
cachée parmi les vivants.
La peinture de Rembrandt
n'est pas qu'une surface
où se distribuent savamment
les personnages sortis de l'ombre,
répartis en demi-cercle
autour du gisant.
C'est une vision au scalpel,
où le pinceau même
semble retenir le bras du mort,
alors que s'échangent
les regards des assistants
vaguement coupables
d'empiéter dans un domaine tenu secret .
Leurs regards sont inquiets,
vaguement fuyants.
Celui qui prend des notes
a l'air pris en faute:
- est-il permis de franchir les interdits,
de faire que la connaissance
pénètre dans le royaume
où la mort a immobilisé les choses ?
C'est une "nature morte"..
qui n'en est pas une,
et nul ne s'étonne
que le bras ouvert
semble celui d'un autre,
si on pense que la main
n'est pas dans sa position naturelle.
La "leçon d'anatomie"
a plutôt l'air d'un collage.
Son aspect pédagogique
paraît une mise en scène
dans une pièce grise,
- peut-être la sacristie d'une église
( si on observe la retombée des voûtes) -
qui n'a rien d'un espace
dédié à la dissection,
comme les personnages en costume
dont les fraises blanches
rythment le tableau.
N'oublions pas l'épais livre,
ouvert dans le coin droit.
C'est comme un vieux grimoire ;
un ouvrage où sont consignées
toutes sortes de choses:
des procédés, voire des recettes
comme en possèdent
- à ce que l'on suppose -
sorciers et alchimistes .
En fait, c'est une allégorie,
et l'exercice,
( la leçon chirurgicale )
est une de ces "vanités",
comme on aime en peindre à cette époque,
sur le rapport du vivant
avec ce qui ne l'est pas,
sur le présent,
et sur ce qui a été :
Même si on en parcourt l'intérieur,
découpe les membres ,
sonde la peau et les viscères,
il manque toujours quelque chose
pour que la mécanique
se remette en route :
c'est une méditation
sur la fragilité de la vie :
le corps devenu inutile,
et l'âme évanouïe...
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RC - août 2019
votre commentaire -
photo perso – Alberto Giacometti: l’homme qui marche ( son ombre).
exposition au musée Maillol – Paris 2018
Vois cette silhouette
découpée dans la solitude.D’un pas décidé, elle progresse
vers quelque chose qu’on ne voit pas.On ne sait si elle avance
ou reste sur place :Il y a ce corps projeté en avant,
ce pas tendu ,et pourtantles pieds englués au sol,
entre futur et immobilité .–
votre commentaire -
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C'est un paysage ordinaire,
sans autre relief
que la lumière,
bue par la toile ,
ou bien inversement
s'il en émane
le feu de la couleur :
elle semble en sourdre,
C'est un silence
que l'on ne peut entendre,
inouï,
au sens littéral.
Et ce paysage,
si c'en est un,
absorbe toute parole ,
et le poème est vain
face au mur
gigantesque du tableau
qui émane des abysses,
ou nous y entraîne .
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RC
votre commentaire -
peinture: Peter Sengl
Frida et Frida,
double portrait mécanique,
chacune se tient par une manche,
symétrique sans l'être,
sur un fond plombé:
jumelles où les mains s'absentent,
liens fragiles entre les veines,
crissement des attelles métalliques
tiroirs ouverts où le coeur épuisé
ne saigne qu'avec peine .
Posent-elles
comme ces princesses
de l'ère d'Elisabeth la première,
scrutant l'avenir ,
figées dans la souffrance ?
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RC - juill 2019
votre commentaire -
photo perso - mai 2019
Ceux qui naviguent dans l'azur,
savent aussi que la mer
n'est pas toujours bleue.
Elle a ses fureurs d'écume,
et sous une apparence aimable,
a cette profondeur noire,
repoussant les effets de lumière,
et reflets de ciel
comme s'il s'agissait
d'une écriture maladroite
sur la page de garde
d'un livre revêche
décidé à ne pas livrer ses secrets .
Pour ma part,
j'ai traversé des rouges
qui dansent,
flottant dans l'espace
comme des oriflammes .
Des rouges cerise aux vermillons ,
en presque bruns ,
et parfois pourpres ,
Ils n'ont rien de tragique ,
et palpitent aux vents,
ils ne cherchent pas de point d'ancrage ,
se lovent dans les images,
les photographies,
les peintures de Delacroix .
C'est comme une respiration,
ou le jaillissement d'un cri,
un coup de cymbale,
avec de temps en temps
ses creux ombreux,
qui laissent supposer
qu'il se passe quelque chose
sous la surface .
Mais c'est toujours fugace,
et il faut être juste là au bon moment
pour sentir cette palpitation,
pour essayer de capter
l'instant où la couleur se révèle
et se démultiplie à mon regard.
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RC- mai 2019
votre commentaire -
Paolo Uccello - Saint Georges et le Dragon
C'est donc ce monstre familier,
que l'on promène en laisse..
Présente-t-il un danger ?
Alors, ma princesse,
serais-tu en détresse ?
( il n'a pas l'air de vouloir te manger )...
Mais pourquoi piétine-t-il
si sauvagement ,
cet être imbécile
les parterres de mon jardin
alignés bien sagement ,
- et avec le plus grand soin ?
Voila venu fort à point
St Georges sur son cheval,
qui s'élance,
et en un tour de main,
transperce l'animal
d'un terrible coup de lance !
Il se peut qu'on se demande
d'où vient ce cavalier
surgi de nulle part ,
ce saint aventurier,
nécessaire à l'histoire
si on en croit la légende .
On ne sait ce qu'en pense la reine,
elle semble parader dans son salon :
( on dirait qu'elle s'en fiche,
indifférente à la scène ):
elle ne s'était pas aperçue que son caniche
s'était transformé en dragon .
Ce sont des choses qui arrivent
quand on pense à autre chose ,
même encore de nos jours :
les idées dérivent
et suivent un autre cours...
Ah, si j'avais cultivé des roses !
Je n'avais pas vu venir
ce terrible nuage sombre
annonçant l'éclipse...
Je convoquerai à l'avenir,
le cavalier de l'apocalypse ,
pour que le jour repousse l'ombre .
Uccello nous le dit en peinture,
- on a évité de peu l'orage
dissimulé derrière la forêt ,
- Mais de cet épisode, que faut-il en conclure ?
cette image a quelque chose de suspect
quelque peu invraisemblable :( on dirait un collage )...
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RC - avr 2019
1 commentaire