• Le jardin bleu - ( RC )

    peinture  H Matisse  :       deux filles  sur un fond  corail, jardin bleu         Collection Barnes

     

     

    N'as  tu jamais   rêvé d' un jardin,

    qui s'éveillerait à la nuit ?

             ( et ses arbres  bleus,

            vaguement brossés

            dans un carré  suspendu...)

     

                            Ce serait une fenêtre

                           ouverte  sur un intérieur 

                           quand s'approche minuit ,

    que nos  corps fatigués par la lecture ,

    se dessinent avec peine       sur le fond corail.

     

             Les joncs,         dans leur  halo blanc

    sont prêts à envahir tout l'espace libre:

            on se demande  ce qui les  retient,

    si ce n'est  le vent ,

          qui retient  son souffle.

     

    Il semble qu'une silhouette  indécise

    s'approche  de la fenêtre,

    toute vêtue         du bleu d'un ciel

    qui a commencé à confondre l'air,

    mangeant branches et feuillages .

     

               Rien ne pourra  s'opposer

                         à ce qu'elle  rentre,

    lentement      - comme  dans  ces  films

                              où les nuages  

                         se glissent  sous les portes - ,

     

            à moins  que le  peintre

                  ne remplace la nuit,

    elle qui se déplace  sans  bruit ,

    en accrochant au mur,

    le calme d'un jardin de printemps .

     

     

    RC    nov 2020

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  • L'oiseau mordant une pierre  ( d'après une  sculpture de Max Ernst ) - (RC )

    Celui qui vient et regarde,

    arrive un peu trop tard.

    -

    Le pire n'est pas  certain,

    si l'oiseau  décrit  le paysage

    et délaisse  son oeuf  ,

    -

    c'est  que la faim 

    lui fait mordre les pierres .

    -

    Il côtoie  les  figures  allongées ,

    depuis  que  le lierre

    les  a privées  de liberté .

    -

    Ou bien,   gardien du phare, 

    il crie plus  fort  que  la nuit .

    -

    D'autres  ombres  s'enfuient :

    celles  de Rotheneuf,

    où le  soleil s'égare,

    secoué  d'embruns.

    -

    Il reviendra, c'est  certain ,

    mais  tu arrives toujours trop tard.

    -

    Courtes  sont les heures qui passent,

    se hâtant de te mettre  à l'écart :

    -

    Aujourd'hui n'est plus hier  :

    L'oiseau qui trépasse

    s'est  transformé en pierre.

     

    RC   (  en relation ,aussi  avec  les  rochers  sculptés  de Rothéneuf, vers  Saint Malo )------> photo perso

     

    L'oiseau mordant une pierre  ( d'après une  sculpture de Max Ernst ) - (RC )

     

     

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  • La belle allemande - ( RC )

     

     

     

    Lors d'un voyage à Londres

    n'aurais-tu pas vu la femme blonde,

    celle dont les épaules rondes

    cachaient une partie du monde ?

     

    Je n'aurais pu lui donner un âge,

    ou compter sur mes doigts les ans

    qu'elle portait comme autant d'enfants...

    De profil, une queue de coquillage

     

    J'ai compté jusqu'à onze

    ses petits pas menus

    quand elle se promène à demi nue,

    entr'ouvrant sa robe de bronze.

     

    Ne cherchez pas de midi à quatorze heures:

    la belle allemande ne vous reçoit qu'à genoux,

    et encore, seulement sur rendez-vous...

    Jamais vous ne la prendriez pour votre soeur...

    -

     

    RC - aout 2020

    ( sur une sculpture de Max Ernst " la belle allemande" )

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  • peinture: James  Ensor: autoportrait aux masques

     

    Si je me rappelle mes cours de physique,

    ce seraient de ces forces opposées

    qui s'affrontent comme des pensées contraires.

     

    L'expérience renouvelée du couple de torsion

    engendre le mouvement inverse

    dès lors que les contraintes se relâchent.

     

    Si l'art est sujet à ces contraintes,

    que deviendrait-il si celles-ci disparaissent ?

    Les paysages tourmentés reviendraient-ils au calme,

     

    Van Gogh ou Ensor, échangerait-ils leur style

    pour des autoportraits

    qui pactisent avec ceux de Rembrandt ?

     

    Leur visage, dans la réalité qu'ils traversent

    est-il parcouru par le temps

    qui leur impose leur marque ,

     

    comme la tension d'une corde

    trop serrée laissant son empreinte

    en creux, dans la peau ?

     

    Relâchons la tension, annulons ces forces ...

    le visage représenté deviendrait-il aussi lisse qu'un masque neutre ,

    n'ayant rien à confier à notre propre regard ?

     

     

    rc 

    msk mexiq -- photo-bruno-grandjean

    masque populaire mexicain

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

    peinture - Van Gogh  (  recadrée  pour l'occasion )

     

     

    L'herbe  ne bouge  plus,

    le vent  est pris

    dans  des nuances  d'hiver.

    Les ombres se peignent, bleues;

    les arbres ont leurs crochets noirs,

    et s'essaient à attraper  le silence. 

    La terre retournée a lié son destin

    à la charrue  immobilisée.

     

    L'art est venu s'agenouiller

    devant un paysage

    qu'il a détourné du passage des saisons .

     

    Sa pâte épaisse a pourtant

    le poids vivant de l'allégresse .

     

    En le voyant, je me souviens

    de l'avoir  déjà  croisé :

    - c'est  comme  s'il palpitait

    avec des couleurs

    que je n'aurais pu imaginer -

    sans avoir rencontré

    leur crépitement ,

    dont on voit encore

    le magma prometteur

    sur la palette.

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire

  • le mur, selon Tàpies

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Antoni Tàpies, Cruz y tierra, 1975

     

     

    Si tu dresses un mur de silence,

    que tu tentes d'effacer le langage,

    celui-ci resurgit un jour

    malgré les cicatrices.

     

    Certains ont gravé leur nom

    sur les murs des cellules.

     

    Il y a des lettres de sang

    et parfois des croix

    - autant de baillons

    sur des bouches qui hurlent encore -

     

    C'est un ensemble de métaphores,

    qui parle dans la matière:

    une matière crucifiée.

     

    Un autre Guernica,

    une autre façon

    de traduire l'oppression,

    dans les oeuvres de Tapiès .

    -

     

     

    RC-  avr  2020

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

    Nôtre évêque

    peinture:          probablement  Vélasquez..;  (  exposé au Rijksmusem) d'amsterdam

     

    --

     

    -

           Nôtre  évêque est mort,

    et c'est bien dommage

    pour le  clergé.

          On dirait qu'il dort,

    et nous laisse dans un veuvage

    éternellement inconsolés.

     

    Crois-tu qu'ainsi

    les hommes les plus puissants

    s'immortalisent ?

    Que le paradis

    compte dans  ses rangs

    les gens de l'église ?

     

    A force  d'imprécations

    le vieil évêque

    a oublié de regarder  l'heure .

    Il ne donne plus illusion,

    car un peu sec

    dans  sa dernière  demeure.

     

          D'un aspect assez négligé,

    il ne sent pas très bon,

    crispé sur sa crosse.

         C'est vrai qu'il était assez  âgé,

    et en cours de transformation,

    n'ayant que la peau sur les os.

     

      Mais il a droit - tout de même -,

    au cercueil tapissé de velours

    payé par les  fidèles.

              On évitera le blasphème,

    à défaut de lui prodiguer notre  amour,

    c'est une  fin bien naturelle....

     

                    Dieu l'a rappelé à lui

    - enfin la partie invisible -

    car de petits insectes en font leur festin.

              ( Pendant qu'il se sanctifie

              son corps ne paraît guère  sensible

              à leur parcours souterrain ).

     

             Il faut bien nourrir ces petites bêtes,

    ( ce sont aussi des créatures du bon Dieu )

    si l'on retourne à la terre

            Quand il ne sera plus que squelette

    - rien ne le distinguera de celui des gueux -

    sous une  lourde pierre .

     

          On ne  s'en fera pas pour lui :

    il a fait de grandes actions

    qui resteront  dans les mémoires :

       En souvenir,        l'église le remercie

       d'avoir pratiqué  l'inquisition

    pour sa plus grande Gloire .

     

            Il a servi les princes et les  rois

    et la puissance  divine

    ( de son temps,     il fit des envieux )

          Il a eu droit à une belle  croix,

    l'ombre  d'une  glycine ,

             que demander de mieux ?

    -

    RC-  avr  2020

     

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    2 commentaires
  • Résultat de recherche d'images pour "picasso light painting"

    photo     Gjon Mili

     

     

    La caméra est immobile,

    le studio est sombre,

    elle  n'enregistrerait que  l'absence.

    Mais dans l'obscurité tu peux voir 

    un point lumineux qui se déplace,

    et dessine;         à la place  d'une  craie,        danse

                 un personnage  dans  l'espace.

     

    Picasso est à l'oeuvre,

    et de ses mouvements

    un minotaure  s'élance ,

    sans le support d'une feuille

    ou d'une  toile.

     

    Les gestes s'envolent,

    et se précisent,

    en quelques minutes seulement.

    Imagine qu'une  colombe  blanche

    par le seul battement  de ses ailes

    laisse une  trace

    persistante au fond  de la  rétine...

     

    Résultat de recherche d'images pour "gif animé colombe"

     

    -

    RC- mars  20

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  • Des corps au bois - ( RC )

     

    art: relief sur  bois de D Dewar - Gr Giquel.              Biennale d'art contemporain de Lyon  2019

     

    -

    C'est un panneau en bois, bien épais, 

    que l'on imaginerait

    comme une porte  de placard :

     

    on n'en voit qu'une part.

    C'est  du chêne  sculpté

    où des imprudents se sont  aventurés

     

    sans se douter

    qu'ils en seraient sculptés.

     

    Ce sont des torses musclés

    comme fossilisés

    que l'on a retrouvé

    des bras redoublés

     

    et même un pied

    que l'on voit de face:

    du bois il dépasse

    de la gangue  épaisse

     

    tout comme ces fesses

    n'allant pas par paires,

    que l'on énumère.

     

    On se demande comment

          par conséquent

    le corps bancal

    dans sa présence  sculpturale

    se multiplie ou se dédouble .

     

    C'est que la vue se trouble

                                     au fil du temps

    certains éléments sont manquants :

     

    il faut aller  les  chercher

    de l'autre  côté

                                 comme le géologue

    à la recherche  d'éléments analogues.

     

               Quel est donc le bon endroit ?

    -         de l'autre  côté  du bois ?

    On connaît à peu près son aspect,

    mais  comme on le sait,

    même chantourné,    il n'est pas transparent,

                    indifférent aux  faux  semblants .

     

    Tu verras des torses masculins

                            et aussi des seins

                   - guirlande et farandole -

    sans  pour autant qu'ils  flageolent

            appartenant à ces mâles.

     

    Vient se poster un animal

    ( en surexposition où on ne l'attend pas ) :

    c'est donc un poisson plat .

     

    Il ne semble pas  étonné

    de se retrouver immobilisé:

    fossile habité,      de bois poli

    intégré à cette chorégraphie.

     

    Des corps au bois - ( RC )

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

    Résultat de recherche d'images pour "francis bacon innocent X"

    peinture:    Innocent X, par  Francis Bacon, et Diego Velasquez

     

     

    Installé  dans  ce fauteuil sévère,

    ce personnage  drapé  de rouge

    vomit  toujours ses imprécations

           sur le fond sombre de l'histoire.

     

    Le portrait que fait Vélasquez

    du pape Innocent X

    est celui d'une  figure  de pouvoir,

    peu porté sur la plaisanterie.

     

    Son oeil pointu a quelque  chose

             de l'un des tortionnaires

    des 120 journées de Sodome,

    coupant comme  rasoir.

     

    On ne sait plus si cette image

    est fidèle        à l'homme

    qui s'assit dans ce trône

    à cette  époque

     

    mais aujourd'hui c'est son écho

    à travers les peintures de Francis Bacon

    qui nous parvient,

    hurlant , bouche grande ouverte,

     

    au point  que            le cri

    traverse tellement la toile

    qu'il en efface le côté humain, 

    puis les traits  de son visage .

     

    A la façon de celles  du piranha,

    les dents sont  carnassières,

    le gouffre noir de la gueule,

    prêt à nous avaler.

     

    De celui de Munch

    au film du Cuirassé Potemkine,

    l'obsession du cri habite l'artiste,

    hante son oeuvre et notre époque.

     

    Les dictateurs de notre siècle 

    ont ce quelque chose,

    qui rappelle les anthropophages :

    ce sont des prédateurs

     

    assoiffés de pouvoir

    et de sang,

    incrustés sur leur  trône,

    sangsues de l'humanité.

     

    -

     

    RC - dec  2019

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    1 commentaire
  • Contempler nos défaites - ( RC )

     

    Que  reste-il du passage  de l’ange,  

    une  fois qu’on a ramassé  

    ce qui traîne  :   quelques objets,

    fragiles et ternes ? :           des débris

    auxquels  on n’aurait pas prêté attention ,

     

    Ainsi nous questionnent  ces traces de combat :

    ces cicatrices

    et   végétaux desséchés

    suspendus :           ( des corps oubliés

    dans des boîtes de verre, sur un fond gris ).

     

    C’est la terre qui se replie

    sur elle-même.

    Elle  a soif  d’humanité et se craquelle.

    Sous les gravats pointent des fers ;

    membres tordus de douleur

     

    lançant de vains appels

    dans l’écrasant silence ,

    que les reliquaires

    conservent , à la façon de fleurs mortes

    entre les pages d’un vieux livre...

     

    On peut procéder à la pesée des âmes,

    on ne sait qui tient la balance,

    puisque les plumes y sont  plus lourdes 

    que l’argile , que les mottes  de terre

    d’un pays qui meurt.

     

    C’est peut-être ce qui subsiste

    après la bataille:

              quelques restes rouillés

             plantés dans l’étendue

             d’un désert calciné .

     

    On ne se confronte pas à l’Ange:

           c’est une figure vengeresse,

           venue de l’Apocalypse:

    d’un passé, il a fait table rase :

    on ne retourne pas au  paradis perdu :

     

    Le monde est à refaire,

    un oeuf  intact 

    en marque l’origine,

     mais personne ne sait 

     

            s’ il abrite un serpent.

    Contempler nos défaites - ( RC )

     

    ce texte  est issu de l'impression de l'exposition d'oeuvres de Anselm Kiefer 

    au couvent  de la Tourette, près de Lyon. (photos perso hors flyer )

    Contempler nos défaites - ( RC )

     

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  • image.png

     photo: Frantisek  Drtikol

     

     

     

    Une sainte a détourné son regard

    des images pieuses,

    de l'autre côté du miroir.

     

    Est-il sans tain,

    elle, dont le regard réfléchi

    se transforme en négatif ?

     

    Le chapelet dans les mains

    devient cette cordelette

    où les prières qui le symbolisent

    sont autant de maillons

    d'une chaîne invisible .

     

    Doit-on comprendre

    qu'elle en est prisonnière ?

     

     

    Le miroir efface d'un coup

    la robe de bure,

    et l'austérité des gestes.

     

    Notre sainte s'en accommode

    comme dans les peintures baroques,

    et ce qui est ombre

    rayonne d'une lumière indéfinie ,

    semblant palpiter de l'intérieur.

     

    Elle modèle le corps

    comme le ferait le sculpteur

    de son volume de glaise.

     

    La vie en sourd , palpable ,

    comme celle des pulsations cardiaques.

     

     

    C'est une transformation

    qui s'opère à mesure

    que les sels d'argent

    cristallisent cet enchantement

    dans le laboratoire du photographe.

     

    - RC- dec 2019 

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire
  • 099-1930  la joconde aux cle¦üs mona lisa with the keys .jpg

     

    peinture: Fernand Léger Mona-Lisa aux clefs – 1930

     

    La Joconde est sortie des nuages.

    Elle a l’air bien songeuse ,

    et s’est détachée , ténébreuse,

    en partie, de l’image.

     

     

    On connait  mieux  la peinture  de Léonard

    que  celle  de Léger

    ( elle  a depuis,  perdu ses clefs ) :

    celles  qui ouvrent  la porte  de l'art.

     

    Oublié  le  sfumato,

    et  voici la  danse des lignes,

    des cercles  et des signes,

    qui parcourent  le tableau.

     

    Elle  est comme une image pieuse,

    --   vous  voyez bien,  comme  celles

    qu'on trouve  dans les pages  du missel

    ( une icône,  et des plus fameuses ).

     

    Qui, malgré  son caractère  profane,

    et son décor imaginaire,

    est célèbre sur la terre  entière .

    Ce modèle  est juste une  femme :

     

    Il en est ainsi,

    mais,  toujours  elle  attire

    Les foules  avec son sourire :

    Ce sacré Vinci

     

    En peignant cette  demoiselle

    Ne pensait pas en faire une  star

    de l'histoire  de l'art   ;

    -       mais,  retour  dans le  réel:

     

    Même  sortie  de la toile,

    c'était peut-être une  sainte

    telle  qu'elle  était peinte,

    ayant égaré  son auréole, ou son étoile.

     

    En attendant de la retrouver

    - elle n'en a pas fait le deuil -

    elle  vous  adresse un clin d'oeil

    ce qui était plutôt osé, en ces temps  reculés.

     

    On dit bien que  tout  se retrouve 

    et rien ne se perd, mais jamais elle ne désespère

    bien que prisonnière,

    du Musée du Louvre.

     

    Si Duchamp la  renomme,

    et lui met des moustaches,

    que personne ne se fâche,

    ce pourrait être un homme !

     

    En dehors de son cadre lourd, on pourra la voir

    en illustration banale

    imprimée  en cartes-postales

    sur les présentoirs.

     

    Quelle  est donc  l'énigme de cette peinture ?

    Et avec elle, la clef  du mystère,

    Où se trouve la serrure ?

    ...   en conjectures  on se perd.

     

    Ayez en tête cet évènement  fortuit,

    qui posa plein de questions:

    Une machine à coudre, sur la table d'opérations,

    et Mona cachée  sous le parapluie  ...

     

    -

     

    RC - juin  2016 le parapluie .. – RC – juin 2016

     

     

    102-1932  la composition au parapluie the composition with the umbrella .jpg

    the composition with the umbrella .jpg penture:

     

    Fernand Léger – composition au parapluie 1932

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  • Photo  Christian Reisler

    courir, courir  dans la nuit  -  ( RC )

    Courir,             toujours  courir

    dans la nuit  réglisse

                 le pied  léger

    alors  que la nuit  glisse

    toujours en devenir

    sur l'asphalte mouillée.

     

                   Sais-tu seulement 

                  où tu te diriges ?

    c'est le temps  compté  qui inflige

                le mouvement automatique, 

    où tes jambes te portent

    à travers la ville  ;

     

    vas tu semer tes poursuivants

    avec ce pas agile ,

    en cet instant de panique ?

    à moins qu'avec audace

    tu ne fasses demi-tour

    tu leur fais face :

     

    acte  de bravoure

    ou bien eux en retour

    se sentent poursuivis :

     

    à chacun son tour

    de tenir dans ses mains

    une partie  de la nuit

    malgré la pluie  et le crachin

    qui tombent  toujours,

     

                        et toi tu cours

                          ... eux aussi

     

    Personne ne sait exactement

    quel est le poursuivant

    et le poursuivi

    - ni ce qui le motive -

    en définitive:

     

    peut-être  n'y a-t-il pas plus de but

    que l'ultime  chute

    quand le matin efface

    toute trace d'angoisse

                        ( c'est que le non-dit

                          n'est pas inscrit

                           sur la photographie )

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  •  

     

    Tous groupés dans une  salle,

    une lumière chiche rebondit sur le cadavre,

    malgré les corps des hommes

    qui se penchent  sur lui,

     observateurs indiscrets,

     comme pris  en photo malgré eux,

    penchés sur une mécanique

    cachée parmi les vivants.

     

    La peinture de Rembrandt

    n'est pas qu'une  surface

    où se distribuent  savamment

    les personnages sortis de l'ombre,

    répartis en demi-cercle

    autour du gisant.

     

    C'est une  vision au scalpel,

    où le pinceau même

    semble  retenir le bras du mort,

    alors  que  s'échangent  

    les regards  des assistants

     vaguement  coupables

    d'empiéter  dans un domaine tenu secret .

    Leurs regards sont inquiets,

    vaguement fuyants.

     

    Celui qui prend  des notes

    a l'air pris  en faute:

         - est-il permis de franchir les interdits,

         de faire que la connaissance

         pénètre dans le royaume

         où la mort a immobilisé les  choses  ?

     

    C'est une  "nature morte"..

    qui n'en est pas une,

          et nul ne  s'étonne

          que le bras ouvert

          semble  celui d'un autre,

    si on  pense que la main 

    n'est pas  dans sa position naturelle.

     

    La "leçon d'anatomie"

    a plutôt l'air d'un collage.

              Son aspect pédagogique

             paraît une mise en scène

             dans une pièce grise,

    - peut-être la sacristie  d'une  église

     

    ( si on observe la retombée des voûtes) -

                qui n'a rien d'un espace

                dédié à la dissection,

    comme les personnages en costume 

    dont les fraises blanches

    rythment le tableau.

     

    N'oublions pas l'épais livre,

    ouvert dans le  coin droit.

    C'est comme un vieux grimoire ;

    un ouvrage où sont  consignées

    toutes  sortes  de choses:

    des procédés, voire des recettes

    comme en possèdent

    - à ce que l'on suppose -

    sorciers  et alchimistes .

     

    En fait, c'est une  allégorie,

    et l'exercice,

     ( la leçon chirurgicale )

    est une  de ces  "vanités",

    comme on aime  en peindre à cette  époque,

     sur le rapport du vivant

     avec ce qui ne l'est pas,

    sur le présent,

    et sur ce qui a été :

     

    Même si on en parcourt l'intérieur,

    découpe  les membres ,

    sonde la peau et les viscères,

    il manque  toujours  quelque  chose

    pour que la mécanique

    se remette en route :

     

    c'est une méditation

    sur la fragilité de la vie :

     le corps devenu inutile,

     et l'âme  évanouïe...

     

    -

    RC - août  2019

     

     

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  • expo  A Giacometti-  musée Maillol     l'homme qui marche    14.JPG

    photo perso – Alberto Giacometti: l’homme  qui marche ( son ombre).

    exposition au musée Maillol – Paris  2018

    Vois cette silhouette
    découpée dans la solitude.

    D’un pas décidé, elle progresse
    vers quelque chose qu’on ne voit pas.

    On ne sait si elle avance
    ou reste sur place :

    Il y a ce corps projeté en avant,
    ce pas tendu ,et pourtant

    les pieds englués au sol,
    entre futur et immobilité .

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  • un paysage ordinaire ( Mark Rothko )

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    C'est un paysage  ordinaire,

    sans  autre relief

    que la lumière,

    bue par la toile ,

    ou bien inversement

    s'il en émane

    le feu de la couleur :

    elle semble  en sourdre,

    C'est un silence 

    que l'on ne peut entendre,

    inouï,

    au sens littéral.

    Et ce paysage,

    si c'en est un,

    absorbe toute parole ,

    et le poème est vain

    face au mur

    gigantesque du tableau

    qui émane  des abysses,

    ou nous y entraîne .

    -

    RC

     

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  • L’image contient peut-être : 1 personne

    peinture: Peter  Sengl

     

     

    Frida et Frida,

    double portrait mécanique,

    chacune  se tient  par une manche, 

    symétrique  sans  l'être,

    sur  un fond plombé:

     

    jumelles où les mains  s'absentent,

    liens fragiles entre les veines,

    crissement des attelles métalliques

    tiroirs ouverts où le coeur épuisé 

    ne saigne  qu'avec peine .

     

    Posent-elles

    comme ces princesses

    de l'ère d'Elisabeth la première,

    scrutant l'avenir ,

    figées dans la souffrance ?

     

    -

     

    RC - juill  2019

     

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  • photo perso - mai 2019   

    photo perso - Clermont-Ferrand

    Ceux qui  naviguent  dans  l'azur,

    savent aussi que la mer

    n'est pas  toujours bleue.

    Elle a ses fureurs  d'écume,

    et sous une  apparence aimable,

    a cette profondeur noire,

    repoussant les effets de lumière,

    et reflets de ciel

    comme s'il s'agissait 

    d'une écriture maladroite

    sur la page de garde

    d'un livre revêche

    décidé à ne pas livrer ses secrets .

     

     

    Pour ma part,

    j'ai traversé des rouges

    qui dansent,

    flottant  dans  l'espace

    comme des oriflammes .

    Des rouges cerise aux vermillons ,

    en presque bruns ,

    et parfois pourpres ,

    Ils n'ont  rien de tragique ,

    et palpitent aux vents,

    ils ne cherchent pas de point  d'ancrage ,

    se lovent  dans les images,

    les photographies, 

    les peintures de Delacroix .

     

     

    C'est comme une respiration,

    ou le jaillissement  d'un cri,

    un coup de cymbale,

    avec de temps  en temps

    ses creux ombreux,

    qui laissent  supposer

    qu'il se passe quelque chose

    sous la surface .

    Mais c'est  toujours fugace,

    et il faut être juste là au bon moment

    pour sentir cette palpitation,

    pour essayer de capter

    l'instant où la couleur se révèle

    et se démultiplie à mon regard.

     

    -

    RC-  mai 2019

       

     

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire
  • Ce monstre familier - ( RC )Paolo Uccello - Saint Georges et le  Dragon

     

    C'est donc ce monstre familier,

    que l'on promène  en laisse..

    Présente-t-il un danger ?

    Alors, ma princesse,

    serais-tu en détresse ?

    ( il n'a pas l'air de vouloir te manger )...

     

    Mais pourquoi piétine-t-il 

    si sauvagement ,

    cet être imbécile

    les parterres de mon jardin

    alignés bien sagement ,

    - et avec le plus grand  soin ?

     

    Voila venu fort à point

    St Georges  sur  son cheval,

    qui s'élance,

    et en un tour de main,

    transperce l'animal

    d'un terrible coup de lance !

     

    Il se peut  qu'on se demande

    d'où vient ce cavalier

    surgi de nulle part ,

    ce saint aventurier,

    nécessaire à l'histoire

    si on en croit la légende .

     

    On ne sait ce qu'en pense la reine,

    elle semble parader dans son salon :

    ( on dirait qu'elle  s'en fiche,

    indifférente à la scène ):

    elle ne s'était pas aperçue que son caniche

    s'était transformé en dragon .

     

    Ce sont des choses qui arrivent

    quand on pense à autre  chose ,

    même encore de nos jours :

    les idées dérivent

    et suivent un autre  cours...

    Ah,     si j'avais  cultivé  des roses !

     

    Je n'avais pas vu venir

    ce terrible nuage sombre

    annonçant l'éclipse...

    Je convoquerai à l'avenir,

    le cavalier  de l'apocalypse ,

    pour que le jour repousse l'ombre .

     

    Uccello nous le dit en peinture,

    - on a évité de peu l'orage

    dissimulé derrière la forêt ,

    -  Mais de cet épisode, que faut-il en conclure ?

    cette image  a quelque  chose  de suspect

    quelque peu invraisemblable :( on dirait un collage )...

     

    -

     

    RC -  avr  2019

     

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    1 commentaire