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Par rechab le 15 Octobre 2017 à 20:17
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C'est cette femme assise,
dont on voit un bout de robe verte,
où des visages (qui sont peut-être les siens,
vus sous plusieurs angles ) ,
se superposent ...Car ce sont les angles,
qui interrogent le profil .
Il se découpe,
sur la rivière noire des cheveux :
lourde masse chutant.Ce qui serait un chapeau :
un tricorne étrange,
sert d'encadrement au visage,
dont l'expression se fige
dans l'attente.Attente ou effroi,
c'est ce qu'on ne sait pas,
ni le comment ni le pourquoi,
nous fixant à la manière d'un intrus
tant le regard est dru.Noir, sans reflet
ni état d'âme,
interrogation des sourcils ,
le corps semblant être là par erreur,
a même avalé les couleurs .-
RC - oct 2017
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Par rechab le 17 Octobre 2017 à 18:52
Les murs de Maguelone
gardent à l'intérieur,
un espace qui résonne
de fleurs de méditation.Quelques ouvertures
dans l'épaisseur des murs
font comme des tableaux,
où le paysage reste flou :Des ondes , dans l'épaisseur du verre,
en couleurs de miel
dessinent autant qu'elles déforment
l'extérieur, en formes fantomatiques,- juste une allusion
offerte à l'oeil
comme à l'esprit
vagabondant dans l'être .-
RC - oct 2017( les vitraux de Maguelone, -tout proche de Montpellier - sont de Robert Morris )
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Par rechab le 18 Octobre 2017 à 21:44
basé sur l'oeuvre de Marcel Duchamp " torture morte"
Une nature morte qui n'est pas illusion,
juste une découpe après dissection,
proprement décousue,
une nature morte toute cruecelle que tu vois dans l'assiette
( un régal pour l'esthète )
une nature morte qui pue :
la vérité toute nuequ'on a mis dans une boîte
un pied découpé ,entouré d'ouate
détaché d'un corps
idéal pour les amateurs ....Mieux que celui d'une momie :
c'est un bout d'anatomie
indécent ( mais pas farouche )
apprivoisant déjà les mouches :il fallait donc l'exposer
au mieux, dans un musée :
on dirait presque un ready-made :
Ce pied est encore tièdeOn ne l'aurait même pas remarqué
dans un cabinet de curiosités,
- dans tout ce bazar :
le lard se confond avec l'art... -En patience, la nature morte attend
( et elle a tout son temps ) :
l'ordinaire peut s'avérer provoquant...
demandez-donc à Duchamp ... !!-
RC - oct 2017
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Par rechab le 22 Octobre 2017 à 16:37
Tout autour de la balustrade ,
sont rassemblés des personnages
comme dans un tribunal:Ils semblent être dans l’attente
d’un évènement peu banal
qui ne saurait tarder.Au-dessus, passent des nuages,
et quelques anges , très sages..
dans un paradis de stuc et de rocs .On ne sait d’où ils s’échappent,
ni ce qui les dérangent
ou les provoquent .Tout ce monde se déhanche,
en étoffes et effets de manches…-
mais leur attitude se fige :Eveillés par le moindre bruit,
leurs têtes, d’un même mouvement,
se penchent brusquement …Leur regard me suit, mécanique ,
de manière insistante et maléfique ,
dès que je me déplace…Descendus du monde céleste ,
ce sont comme des rapaces ,
épiant chacun de mes gestes…Un regard de glace ,
qui vous figerait le sang :
immobilisés sur place …ce qui me ramène pourtant
des siècles en arrière,
quand les trompettes altièresrésonnent dans l’arène :
– Voila donc l’aubaine
semblent-ils se dire :une occasion rarissime
pour convoquer les vampires
et désigner la victime ….L’imagination accompagne presque
le mouvement des ailes
se détachant de la fresque .Ils vont trouver un motif
pour aiguiser leurs griffes,
et basculer dans le réel…Déjà, brillent des yeux noirs,
que j’avais entr-aperçus …
acérés et cruels…Oui, je n’aurais jamais dû
entrer dans cette chapelle:
une sorte de purgatoireEn ce lieu,
où l’on chercherait vainement Dieu
la porte s’est définitivement close .– …. c’est ainsi que fanent les roses …
–RC mai 2017
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Par rechab le 3 Novembre 2017 à 17:44
peinture: Joan Miró -Personnages dans la nuit guidés par les traces phosphorescentes des escargots (1940 )
J'ai suivi les étoiles,
et l'émerveillement d'un enfant
voyant dans le firmament,
les rêves reportés sur la toile,les animaux du zodiaque
les femmes oiseaux,
peintes par Miró ,
un chant élégiaqueimprimé dans l'irréel :
Des figures bizarres,
un vocabulaire de chiffres épars,
majuscules et voyellesoù des personnages se bousculent
dans une curieuse constellation,
couleurs joyeuses en éruption :
des yeux, des triangles et des bullesIl y a quelque chose des Shadocks
rien n'est rectiligne :
ici, on parle la langue des signes :
l'espace est ventriloque,On peut sauter à l'aise
de planète en planète :
la nébuleuse est stupéfaite
et ouvre ses parenthèsespar l'intermédiaire d'une marelle,
où, dans un silence éternel,
il suffit d'une échelle
pour atteindre la case "ciel"...-
RC - nov 2017Joan Miró: Femmes au bord du lac à la surface irisée par le passage d'un cygne
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Par rechab le 9 Novembre 2017 à 09:34
peinture Don Eddy 1977 "for C"
Tu as devant toi
du verre devant le verre,
du verre à travers le verre.Les reflets se renvoient,
brisés, et aussi rattrapés
> C'est une matière
virtuose et paradoxale
affichant sa dureté et fragilité,
on sent la lumière crisser .Une lumière qui n'arrive pas
à traverser ou envelopper
la coulée de silice.
On a du mal à se situer
dans ce all-over glacé
qui semble repousser le regard.Car même si on sait
de quoi est composée la matière,
il y a du faux et de l'arrogance
dans la coulée immobilisée
d'une lave transparente .
Elle se superpose à elle-mêmeet les répercussions du néon
avec leurs mille détails
blessent presque l'oeil
au point que l'on désire
briser cet équilibre
à coups de masse ...mais la vitrine se dérobe
quand tu t'aperçois
que c'est juste une peinture .-
RC - oct 2017
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Par rechab le 11 Novembre 2017 à 09:53
peinture: Sydney Nolan
A travers la fenêtre,
le givre et un fond du bleu au vert,
se colle à la vitre un regard .
C'est un inconnu qui te surveille,
la moitié du visage brouillée,
- une sorte de prothèse de cerveau ,
commandé par un câble électrique,
une carte-mémoire au centre :
un oeil artificiel, lourd de reproches
enregistre tous tes mouvements :
saturant l'espace,
comme la mauvaise conscience ,
qui s'invite chez toi.-
RC - nov 2017 ( sur une peinture de Sydney Nolan )
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Par rechab le 16 Novembre 2017 à 21:58
photo: Thierry Azam
Il y a quelque part,
des coutures mouillées,
qui suturent les failles
qui nous viennent de l'extérieur.Celui-ci m'apparaît haché,
griffé de traits
qui brouillent au regard
une partie de la vision .Des arbres dressés défilent rapidement
opposés à la lumière , se frayant un passage
avec difficulté , en flashes rapides,
à la façon d'éclairs stroboscopiques .Si c'était une gravure,
il y aurait de grandes zébrures
sur toute la surface
contredite par des traits noirs.Derrière la vitre du compartiment,
c'est une forêt de bouleaux
happée par la vitesse,
aux habits , de blancs rayésUne cathédrale végétale,
qui semble bouger ,
et dont l'image se brouille
un peu plus sur le verre.C'est aussi un all-over
d'obliques blanches qui progressent,
le pluie fouettant le train
comme un sarcasme.La forêt n'en finit pas:
elle se prolonge indéfiniment,
comme ce qu'on imagine
des étendues immenses de Sibérie .L'âme accrochée aux traverses,
aux fils électriques qui dansent,
et toujours le paysage fermé sur lui-même ;
à la manière d'une palissade ininterrompue.On ne peut même pas
s'accrocher aux barreaux :
l'exil est un voyage au coeur de l'hiver,
et c'est une saison qui n'en finit pas.-
RC - nov 2017
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Par rechab le 25 Novembre 2017 à 15:31
Du jardin étoilé
c'était un toit
pesant son poids
de ciel d'été
de plusieurs atmosphères :
un vide abyssal
parcouru de mistral
qu'une fausse lune éclaire,
les nuées se déroulant furieuses ,
loin du village immobile ,
- et les fers du campanile -
vallée ténébreuse
à la tranquillité factice
pourtant inquiète et raide
comme Le Greco peignant Tolède
au bord du précipice .
Des cyprès sont des flammes noires,
que l'on entendrait crépiter
défiant la réalité
d'un paysage expiatoire.
Celui-ci n'est pas décrit
avec exactitude ,
car la solitude
de Vincent est un cri
emportant tout sur son passage :
une nuit profanatrice
jetant ses feux d'artifice
juste avant l'orage
et qu'elle ne vrille
de ses grands serpents
un ciel devenu dément
au-dessus des Alpilles .-
RC - juill 2017
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Par rechab le 21 Décembre 2017 à 18:34
photo: Lee Miller- Joseph Cornell
Imagine encore
un esprit sans corps :
c'est davantage qu'un fantasme,
pour entr'aperçevoir un ectoplasme...,> tout ce qu'on invente :
les tables tournantes ,
et la convocation des esprits,
( s'ils en ont envie ),Ils pourraient te parler
- ou garder leur bouche scellée - :
tout cela dépend
de quelques ingrédients,( et juste ce qu'il faut de mystère
avec une cloche en verre ) :
les êtres trépassent,
mais le courant passe ...La photo a surpris
cet évènement fortuit :
c'est un instant unique ,
parcouru d'ondes magnétiques,leur parcours aléatoire ,
avant qu'on puisse apercevoir
son image : ( attention
à la fragilité de la transmission ! ) :C'est le visage d'un enfant,
apparu accidentellement :
rien ne le rattache au sol,
comme flottant sur le formolretenu par des tubes blancs :
des vaisseaux vidés de leur sang,
d'où ce visage indéfini :
c'est ce qu'on appelle fort justement " une vue de l'esprit ".-
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Par rechab le 21 Décembre 2017 à 21:09
Collage - Max Ernst
Il y a toujours
Sur les billets de banque
Des portraits de héros
Sauveurs des nations,
Des princes et des savants
Et quelques faits marquants
Partagés en histoire ,
Légendes du pays.
Et pourquoi pas bientôt
De super- héros
Ceux des bandes dessinées
Les Mandrakes et hommes araignée
Qui nous serviraient
De papier monnaie…
—
Il y a quelquefois
Dans les livres d’images
Des dames en corsage
Qui mènent à la baguette
Des pensées sauvages
Pas celles qui sont en pot…
Des belles plantes
Le regard pas sage
Le masque coquillage
Au milieu des cascades
Qui vous portent des regards
Légèrement entr’ouverts
A vous inviter
A découper les pages
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RC – 2 octobre 2012
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Par rechab le 9 Janvier 2018 à 18:50
Il y a une personne, seule, souvent.
Elle regarde dehors.
Quoi ? on ne sait pas .
Cette personne est isolée .
Non pas seule, mais isolée :
elle contemple ce qui se passe
en-dehors du lieu où elle se situe.
Elle n'y prend pas part.
Ou rarement.
C'est une figurante.
Posée là pour donner l'échelle .
En fait, il pourrait aussi bien n'y avoir personne .
> Juste un bureau, une chambre d'hôtel ...
et la lumière , dont on ne voit pas la source ,
découpe ses formes géométriques sur les murs .
La clarté en devient abstraite .
On dirait que, quel que soit le décor,
ou ce qui est peint,
tout se répète, inexorablement,
sans brutalité, sans noirceur,
se déroulant sous le regard des personnes représentées, ,
comme sous le nôtre :
le regard d'un témoin
qui voit les choses lui échapper :
le temps n'est pas arrêté .
Son passage n'est pas offert à la beauté,
ou la contemplation,
à l'inverse d'une peinture de la Renaissance :
la scène se saisit d'un quotidien ordinaire,
et des gestes banals, curieusement familiers ,
car ils sont ceux que nous pouvons faire,
comme si on se voyait juste survivre
à un spectacle qui ne nous concerne plus.
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RC - janv 2018
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