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Par rechab le 27 Avril 2019 à 08:59
Paolo Uccello - Saint Georges et le Dragon
C'est donc ce monstre familier,
que l'on promène en laisse..
Présente-t-il un danger ?
Alors, ma princesse,
serais-tu en détresse ?
( il n'a pas l'air de vouloir te manger )...
Mais pourquoi piétine-t-il
si sauvagement ,
cet être imbécile
les parterres de mon jardin
alignés bien sagement ,
- et avec le plus grand soin ?
Voila venu fort à point
St Georges sur son cheval,
qui s'élance,
et en un tour de main,
transperce l'animal
d'un terrible coup de lance !
Il se peut qu'on se demande
d'où vient ce cavalier
surgi de nulle part ,
ce saint aventurier,
nécessaire à l'histoire
si on en croit la légende .
On ne sait ce qu'en pense la reine,
elle semble parader dans son salon :
( on dirait qu'elle s'en fiche,
indifférente à la scène ):
elle ne s'était pas aperçue que son caniche
s'était transformé en dragon .
Ce sont des choses qui arrivent
quand on pense à autre chose ,
même encore de nos jours :
les idées dérivent
et suivent un autre cours...
Ah, si j'avais cultivé des roses !
Je n'avais pas vu venir
ce terrible nuage sombre
annonçant l'éclipse...
Je convoquerai à l'avenir,
le cavalier de l'apocalypse ,
pour que le jour repousse l'ombre .
Uccello nous le dit en peinture,
- on a évité de peu l'orage
dissimulé derrière la forêt ,
- Mais de cet épisode, que faut-il en conclure ?
cette image a quelque chose de suspect
quelque peu invraisemblable :( on dirait un collage )...
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RC - avr 2019
1 commentaire -
Par rechab le 20 Mai 2019 à 22:05
photo perso - mai 2019
Ceux qui naviguent dans l'azur,
savent aussi que la mer
n'est pas toujours bleue.
Elle a ses fureurs d'écume,
et sous une apparence aimable,
a cette profondeur noire,
repoussant les effets de lumière,
et reflets de ciel
comme s'il s'agissait
d'une écriture maladroite
sur la page de garde
d'un livre revêche
décidé à ne pas livrer ses secrets .
Pour ma part,
j'ai traversé des rouges
qui dansent,
flottant dans l'espace
comme des oriflammes .
Des rouges cerise aux vermillons ,
en presque bruns ,
et parfois pourpres ,
Ils n'ont rien de tragique ,
et palpitent aux vents,
ils ne cherchent pas de point d'ancrage ,
se lovent dans les images,
les photographies,
les peintures de Delacroix .
C'est comme une respiration,
ou le jaillissement d'un cri,
un coup de cymbale,
avec de temps en temps
ses creux ombreux,
qui laissent supposer
qu'il se passe quelque chose
sous la surface .
Mais c'est toujours fugace,
et il faut être juste là au bon moment
pour sentir cette palpitation,
pour essayer de capter
l'instant où la couleur se révèle
et se démultiplie à mon regard.
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RC- mai 2019
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Par rechab le 21 Juillet 2019 à 18:10
peinture: Peter Sengl
Frida et Frida,
double portrait mécanique,
chacune se tient par une manche,
symétrique sans l'être,
sur un fond plombé:
jumelles où les mains s'absentent,
liens fragiles entre les veines,
crissement des attelles métalliques
tiroirs ouverts où le coeur épuisé
ne saigne qu'avec peine .
Posent-elles
comme ces princesses
de l'ère d'Elisabeth la première,
scrutant l'avenir ,
figées dans la souffrance ?
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RC - juill 2019
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Par rechab le 23 Juillet 2019 à 17:07
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C'est un paysage ordinaire,
sans autre relief
que la lumière,
bue par la toile ,
ou bien inversement
s'il en émane
le feu de la couleur :
elle semble en sourdre,
C'est un silence
que l'on ne peut entendre,
inouï,
au sens littéral.
Et ce paysage,
si c'en est un,
absorbe toute parole ,
et le poème est vain
face au mur
gigantesque du tableau
qui émane des abysses,
ou nous y entraîne .
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RC
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Par rechab le 26 Juillet 2019 à 15:24
photo perso – Alberto Giacometti: l’homme qui marche ( son ombre).
exposition au musée Maillol – Paris 2018
Vois cette silhouette
découpée dans la solitude.D’un pas décidé, elle progresse
vers quelque chose qu’on ne voit pas.On ne sait si elle avance
ou reste sur place :Il y a ce corps projeté en avant,
ce pas tendu ,et pourtantles pieds englués au sol,
entre futur et immobilité .–
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Par rechab le 13 Août 2019 à 11:34
Tous groupés dans une salle,
une lumière chiche rebondit sur le cadavre,
malgré les corps des hommes
qui se penchent sur lui,
observateurs indiscrets,
comme pris en photo malgré eux,
penchés sur une mécanique
cachée parmi les vivants.
La peinture de Rembrandt
n'est pas qu'une surface
où se distribuent savamment
les personnages sortis de l'ombre,
répartis en demi-cercle
autour du gisant.
C'est une vision au scalpel,
où le pinceau même
semble retenir le bras du mort,
alors que s'échangent
les regards des assistants
vaguement coupables
d'empiéter dans un domaine tenu secret .
Leurs regards sont inquiets,
vaguement fuyants.
Celui qui prend des notes
a l'air pris en faute:
- est-il permis de franchir les interdits,
de faire que la connaissance
pénètre dans le royaume
où la mort a immobilisé les choses ?
C'est une "nature morte"..
qui n'en est pas une,
et nul ne s'étonne
que le bras ouvert
semble celui d'un autre,
si on pense que la main
n'est pas dans sa position naturelle.
La "leçon d'anatomie"
a plutôt l'air d'un collage.
Son aspect pédagogique
paraît une mise en scène
dans une pièce grise,
- peut-être la sacristie d'une église
( si on observe la retombée des voûtes) -
qui n'a rien d'un espace
dédié à la dissection,
comme les personnages en costume
dont les fraises blanches
rythment le tableau.
N'oublions pas l'épais livre,
ouvert dans le coin droit.
C'est comme un vieux grimoire ;
un ouvrage où sont consignées
toutes sortes de choses:
des procédés, voire des recettes
comme en possèdent
- à ce que l'on suppose -
sorciers et alchimistes .
En fait, c'est une allégorie,
et l'exercice,
( la leçon chirurgicale )
est une de ces "vanités",
comme on aime en peindre à cette époque,
sur le rapport du vivant
avec ce qui ne l'est pas,
sur le présent,
et sur ce qui a été :
Même si on en parcourt l'intérieur,
découpe les membres ,
sonde la peau et les viscères,
il manque toujours quelque chose
pour que la mécanique
se remette en route :
c'est une méditation
sur la fragilité de la vie :
le corps devenu inutile,
et l'âme évanouïe...
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RC - août 2019
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Par rechab le 8 Septembre 2019 à 12:19
Photo Christian Reisler
Courir, toujours courir
dans la nuit réglisse
le pied léger
alors que la nuit glisse
toujours en devenir
sur l'asphalte mouillée.
Sais-tu seulement
où tu te diriges ?
c'est le temps compté qui inflige
le mouvement automatique,
où tes jambes te portent
à travers la ville ;
vas tu semer tes poursuivants
avec ce pas agile ,
en cet instant de panique ?
à moins qu'avec audace
tu ne fasses demi-tour
tu leur fais face :
acte de bravoure
ou bien eux en retour
se sentent poursuivis :
à chacun son tour
de tenir dans ses mains
une partie de la nuit
malgré la pluie et le crachin
qui tombent toujours,
et toi tu cours
... eux aussi
Personne ne sait exactement
quel est le poursuivant
et le poursuivi
- ni ce qui le motive -
en définitive:
peut-être n'y a-t-il pas plus de but
que l'ultime chute
quand le matin efface
toute trace d'angoisse
( c'est que le non-dit
n'est pas inscrit
sur la photographie )
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Par rechab le 17 Novembre 2019 à 12:46
peinture: Fernand Léger Mona-Lisa aux clefs – 1930
La Joconde est sortie des nuages.
Elle a l’air bien songeuse ,
et s’est détachée , ténébreuse,
en partie, de l’image.
On connait mieux la peinture de Léonard
que celle de Léger
( elle a depuis, perdu ses clefs ) :
celles qui ouvrent la porte de l'art.
Oublié le sfumato,
et voici la danse des lignes,
des cercles et des signes,
qui parcourent le tableau.
Elle est comme une image pieuse,
-- vous voyez bien, comme celles
qu'on trouve dans les pages du missel
( une icône, et des plus fameuses ).
Qui, malgré son caractère profane,
et son décor imaginaire,
est célèbre sur la terre entière .
Ce modèle est juste une femme :
Il en est ainsi,
mais, toujours elle attire
Les foules avec son sourire :
Ce sacré Vinci
En peignant cette demoiselle
Ne pensait pas en faire une star
de l'histoire de l'art ;
- mais, retour dans le réel:
Même sortie de la toile,
c'était peut-être une sainte
telle qu'elle était peinte,
ayant égaré son auréole, ou son étoile.
En attendant de la retrouver
- elle n'en a pas fait le deuil -
elle vous adresse un clin d'oeil
ce qui était plutôt osé, en ces temps reculés.
On dit bien que tout se retrouve
et rien ne se perd, mais jamais elle ne désespère
bien que prisonnière,
du Musée du Louvre.
Si Duchamp la renomme,
et lui met des moustaches,
que personne ne se fâche,
ce pourrait être un homme !
En dehors de son cadre lourd, on pourra la voir
en illustration banale
imprimée en cartes-postales
sur les présentoirs.
Quelle est donc l'énigme de cette peinture ?
Et avec elle, la clef du mystère,
Où se trouve la serrure ?
... en conjectures on se perd.
Ayez en tête cet évènement fortuit,
qui posa plein de questions:
Une machine à coudre, sur la table d'opérations,
et Mona cachée sous le parapluie ...
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RC - juin 2016 le parapluie .. – RC – juin 2016
the composition with the umbrella .jpg penture:
Fernand Léger – composition au parapluie 1932
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Par rechab le 3 Décembre 2019 à 10:55
photo: Frantisek Drtikol
Une sainte a détourné son regard
des images pieuses,
de l'autre côté du miroir.
Est-il sans tain,
elle, dont le regard réfléchi
se transforme en négatif ?
Le chapelet dans les mains
devient cette cordelette
où les prières qui le symbolisent
sont autant de maillons
d'une chaîne invisible .
Doit-on comprendre
qu'elle en est prisonnière ?
Le miroir efface d'un coup
la robe de bure,
et l'austérité des gestes.
Notre sainte s'en accommode
comme dans les peintures baroques,
et ce qui est ombre
rayonne d'une lumière indéfinie ,
semblant palpiter de l'intérieur.
Elle modèle le corps
comme le ferait le sculpteur
de son volume de glaise.
La vie en sourd , palpable ,
comme celle des pulsations cardiaques.
C'est une transformation
qui s'opère à mesure
que les sels d'argent
cristallisent cet enchantement
dans le laboratoire du photographe.
- RC- dec 2019
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Par rechab le 15 Décembre 2019 à 20:50
Que reste-il du passage de l’ange,
une fois qu’on a ramassé
ce qui traîne : quelques objets,
fragiles et ternes ? : des débris
auxquels on n’aurait pas prêté attention ,
Ainsi nous questionnent ces traces de combat :
ces cicatrices
et végétaux desséchés
suspendus : ( des corps oubliés
dans des boîtes de verre, sur un fond gris ).
C’est la terre qui se replie
sur elle-même.
Elle a soif d’humanité et se craquelle.
Sous les gravats pointent des fers ;
membres tordus de douleur
lançant de vains appels
dans l’écrasant silence ,
que les reliquaires
conservent , à la façon de fleurs mortes
entre les pages d’un vieux livre...
On peut procéder à la pesée des âmes,
on ne sait qui tient la balance,
puisque les plumes y sont plus lourdes
que l’argile , que les mottes de terre
d’un pays qui meurt.
C’est peut-être ce qui subsiste
après la bataille:
quelques restes rouillés
plantés dans l’étendue
d’un désert calciné .
On ne se confronte pas à l’Ange:
c’est une figure vengeresse,
venue de l’Apocalypse:
d’un passé, il a fait table rase :
on ne retourne pas au paradis perdu :
Le monde est à refaire,
un oeuf intact
en marque l’origine,
mais personne ne sait
s’ il abrite un serpent.
ce texte est issu de l'impression de l'exposition d'oeuvres de Anselm Kiefer
au couvent de la Tourette, près de Lyon. (photos perso hors flyer )
votre commentaire -
Par rechab le 24 Décembre 2019 à 15:17
peinture: Innocent X, par Francis Bacon, et Diego Velasquez
Installé dans ce fauteuil sévère,
ce personnage drapé de rouge
vomit toujours ses imprécations
sur le fond sombre de l'histoire.
Le portrait que fait Vélasquez
du pape Innocent X
est celui d'une figure de pouvoir,
peu porté sur la plaisanterie.
Son oeil pointu a quelque chose
de l'un des tortionnaires
des 120 journées de Sodome,
coupant comme rasoir.
On ne sait plus si cette image
est fidèle à l'homme
qui s'assit dans ce trône
à cette époque
mais aujourd'hui c'est son écho
à travers les peintures de Francis Bacon
qui nous parvient,
hurlant , bouche grande ouverte,
au point que le cri
traverse tellement la toile
qu'il en efface le côté humain,
puis les traits de son visage .
A la façon de celles du piranha,
les dents sont carnassières,
le gouffre noir de la gueule,
prêt à nous avaler.
De celui de Munch
au film du Cuirassé Potemkine,
l'obsession du cri habite l'artiste,
hante son oeuvre et notre époque.
Les dictateurs de notre siècle
ont ce quelque chose,
qui rappelle les anthropophages :
ce sont des prédateurs
assoiffés de pouvoir
et de sang,
incrustés sur leur trône,
sangsues de l'humanité.
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RC - dec 2019
1 commentaire
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