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Par rechab le 5 Mai 2023 à 08:53
aquarelle "route dans les bois" P Cézanne
On progresse à petit pas
dans l'enchevêtrement des bois
le lierre et la salsepareille.
Le feuillage des arbres décharnés
ne s'inscrit plus sur le papier.
Même la lumière du soleil
hésite dans l'aquarelle:
quelques traits, quelques lignes:
et bien malin
celui qui reconnaîtrait son chemin
parmi les signes,
parmi les branches
où même les ombres sont devenues blanches...
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Par rechab le 5 Mai 2023 à 08:55
peinture E Hopper
Le peintre est-il indiscret ?
peut-être a-t-il capté
à travers une fenêtre
surplombant l'appartement
l'image de cette femme, solitaire
dans une chambre d'hôtel, en chemise,
absorbée par sa lecture....
Un personnage anonyme,
dont le miroir
ne renvoie que la couleur
du mur du fond,
avec sa gravure,
et le sommet de la chevelure .
Un modèle involontaire,
qui ne se sait pas observé.
Une femme, personnage marginal,
comme enfermée dans une boîte invisible,
ignorant le vacarme de la rue,
et celui du métro aérien.
Chambre anonyme sans grâce,
à l'odeur de tabac froid,
abri provisoire avant un départ
vers une autre destination,
comme l'indique la valise
placée le long du mur.
Nous sommes dans l'attente,
mais jamais nous ne verrons le visage
de la voyageuse,
tournant les pages d'un livre.
Les prochains chapitres
ne révèlent rien de son avenir...
RC
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Par rechab le 11 Juin 2023 à 12:19
peinture Paul Klee " aux frontières de l'entendement"
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Aux frontières de l'entendement,
on n'accède au cercle magique
que par un système d'échelles
qui ne s'appuient que dans un ciel
de nature artistique.
Nous aurons le dessein
d'atteindre le firmament
avec quelques traits fins
tirés d'un monde irréel:
( en quelque sorte une tour de Babel
qui ne prend racine que dans l'esprit ).
Que le ciel soit gris,
que le fond se dilue en une buée
passant d'un gris léger, à l'orangé
on peut tout imaginer
aux frontières de l'entendement...
Cette sphère en suspension
ne serait elle qu'illusion ?
Je crois que pour l'atteindre,
il va falloir suivre Paul Klee,
et le regarder peindre...
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RC
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Par rechab le 22 Juin 2023 à 10:08
peinture Adolph Gottlieb
Noir d'ivoire est sur la palette
le centre de l'ombre,
où la nuit s'empare des coulisses
et réduit ce qu'il reste de lumière
aux reflets sur la peinture.
Noir, peut-être, mais pas tout à fait,
car la couleur se devine,
là où le lointain s'apprête
à déchirer ses peaux d'ocre
ou de bleu cobalt.
La grisaille exerce ses droits,
mais la noirceur n'a pas de teinte uniforme:
elle soustrait ce qui semble de trop;
les teintes vives protestent,
mais persistent à survivre
comme un champ d'orge sous l'éclipse totale,
- extinction provisoire d'un jour
surpris par l'obscur
lorsque l'astre ne se manifeste
que par une couronne de feux - :
qui trace son sillon
jusqu'au déplacement lent
du pinceau sur la toile achevée.
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Par rechab le 14 Août 2023 à 13:02
peinture Clyfford Still
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C’est fini…. la méditation sur d’hypothétiques surfaces lisses,
champs de colza moirés, où aucun arbre ne dépasse.
Ne parlons même pas des stries des champs de lavande
sur le plateau de Valensole.
Ils ne peuvent se retenir d’onduler
à chaque dénivellation, juste limités par des chênes rabougris,
et les chemins de terre caillouteux.
J’ai préféré me plonger dans le jaune intense
d’une peinture non figurative,
où le regard jamais ne s’égare
vers une ligne d’horizon.
Ici le champ n’a de limite que le bord de la toile,
on pénétrera sans effort, plus avant
dans les champs de blé de Van Gogh
en pensant qu’il puisse s’étendre bien au-delà,
avec la couleur à peine altérée par de l’orange
et du blanc sur les côtés.
De légères variations dans la couleur
suggèrent des gestes minuscules,
le grésillement des insectes
au soleil , au plus haut de l’été,
comme si nous y étions restés.
2 commentaires -
Par rechab le 4 Septembre 2023 à 20:55
peinture R Magritte
Inutile de rattraper les nuages:
il ne pleuvra pas de sitôt :
Ils s'échappent du temps
et caressent le paysage
comme ces oiseaux
que porte le vent.
lls s'étirent très lentement
mais si tu ne fais pas attention
tout à coup leur progression
profite du moindre instant et s'accélère,
méditant des sauts de puce
sur ce qui te sers de repère:
une forêt, un lac de verre
et voilà le retour des nimbus
qui masquent la lumière ,
s'imposent dans un tableau paisible,
et ce que l'on ne croyait possible
que dans les temps antiques
envahit toute l'image,
comme si Magritte
venait, d'un coup de baguette magique
donner des ailes aux nuages
oiseaux oniriques
précédant l'orage...
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Par rechab le 15 Septembre 2023 à 13:11
assemblage Antoni Tapiès - fondation Tapiès "porte métallique et violon- "
On attendra longtemps
l’ouverture du jour.
Il y aura du sang
répandu autour .
La vie est dans la verdure ;
Derrière le rideau de fer
on pratique la torture
et on désespère.
On imagine, un délire :
faut-il une révolution,
pour que le rideau se déchire
et que le chant du violon
se détache de la croix noire
taguée sur le mur :
c’est un signe d’espoir
un premier murmure
car la clôture grise
n’emprisonne pas le chant :
Ce n’est pas une marchandise
vouée à l’enterrement.
–
RC juill 2016
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Par rechab le 24 Septembre 2023 à 20:59
tableau de broderies et collages : Martha Arango
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Il y a en même temps soleil et lune
dessinés sur un paysage
que l'on dirait sauvage.
Dans le ventre des animaux
qui se tiennent dos à dos,
arabesques, dentelles en plumes...
sans pour autant évoquer un personnage
comme le fit Arcimboldo :
un oiseau et un lézard
brodés à même les cieux
à profondeur bleue,
mais c'est pour que notre regard
y prenne part.
Les deux animaux veillent,
sur un fond de nuit
mais qui s'épanouit
sur la naissance du soleil.
L'arbre y fleurit
dans l'exubérance totale
de l'univers végétal
où se multiplient les couleurs de la vie.
RC
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Par rechab le 29 Septembre 2023 à 12:20
relief de Lalique
L'homme de Vitruve se travestit
sous l'aspect d'une femme
prisonnière de la glace
ôtant ses habits.
Tout s'inscrit dans la surface,
après quelques hésitations
même si la mode passe,
elle revient en décoration...
Aux gestes figés, translucides,
on chercherait en vain, insipides,
les trois grâces derrière les plissés
du voile, immobilisés.
C'est un parfait carré
où seule la tête dépasse.
Le mouvement ne peut se détacher
de son leurre,
La lumière cultive une chair
de verre, prisonnière
de ce corps de danseur
qui se tourne vers arrière.
Arrivé aux pieds, le volume s'efface
dans un décoratif contre nature
précieux, mais de bon ton
où on chercherait en vain l'émotion:
tout retourne à la surface :
plutôt qu'être une sculpture
ce serait plutôt une gravure,
une réclame pour un parfum
une moulure dans le verre
créée à dessein
pour un érotisme affecté
à défaut d'être sincère...
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Par rechab le 9 Octobre 2023 à 12:30
peinture P Picasso ( de la série " le peintre et son modèle " ) 1969
Où se trouve le modèle ?
derrière nous ?
fixé par l'œil noir du peintre
concentré sur sa tâche ?
Son visage plissé,
décomposé en facettes,
ses lèvres pincées, le sourcil levé
devant l'odalisque immobile...
Peindre ainsi n'est pas des plus facile;
il convient de changer de position:
alternativement, la tête se déplace
une fois de face ,
puis de profil,
question de concentration...
On se demande qui regarde l'autre,
car elle ne sait pas
ce qui se passe derrière la toile:
elle le devine
sans toutefois le voir
même si la séparation est illusoire,
indiquée par une série de pointillés
qu'il serait aisé d'effacer.
Mais le modèle prend des libertés.
Un bras se relève sur un fond bleuté,
une jambe sort du tableau.
C'est peut-être l'effet du pinceau
qui s'exerce à même la peau...
Auriez vous été à sa place,
qu'auriez vous choisi ?
Préféreriez vous être de face
pour que votre portrait soit réussi ?
3 commentaires -
Par rechab le 23 Octobre 2023 à 13:30
photo Dorothea Lange Irlande 1954
Comment retenir cet instant
de tendresse
où les mains s'unissent,
où les doigts se referment ?
Celles du père,
celles de l'enfant,
se pressent,
vêtus de lourdes pelisses.
Ou comment saisir une fraction de temps
presque une caresse
se passant de commentaires,
quand les deux vont, ensemble, confiants.
4 commentaires -
Par rechab le 30 Octobre 2023 à 10:15
sculpture - provenance non identifiée - musée des confluences - Lyon
L'oracle n'aura pas lieu,
la langue reste collée au palais,
les mots sont en fuite
et idées blanches.
La verticale des soupirs
ne peut les assembler,
il faudra les enfermer
et les assoupir
car les discours sont inutiles.
Il faut écrire.
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