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Lithographie Max Ernst d'après peinture " la forêt"
L'oeil rond d'un soleil gris
dans le mystère de la nuit
se frotte à des plantes:
des fougères géantes
qui ont l'air de se plaire
dans une étrange atmosphère.
Comment savoir si la nuit
ne se prolonge pas à l'infini.
L'artiste la prolonge et l'invente
sans maîtriser sa croissance lente.
Les feuilles piquantes
en deviennent transparentes.
Surgissent de l'eau dormante
des formes molles
issues d'espèces rampantes
qui ont l'espoir
d'un futur envol
dans l'inversion du miroir
Les espaces entre les arbres morts
d'une forêt imaginaire
sans réelle frontière:
L'extension du visible
où l'univers changeant du décor
devient tout à coup accessible...
RC
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Les quartiers d'hiver se prélassent,
je fais collection de branches mortes
on pourrait les entasser, les brûler,
car on sait d'autres pousses à venir,
dans un muet retour du temps.
Moi je les suspends, je guette leurs torsions,
leur fourche où le lichen s'incruste.
Disposées en perpendiculaires approximatives,
sorties de leur état végétatif, elles dénotent
une abstraction qui refuse la droite.
Une toile s'y accroche, et s'y noue.
J'en observe la croisée des ombres,
les épissures, les nœuds du tissu,
je les associe et restitue le chemin
où la lumière les glorifient.
Je ne cherche pas la beauté,
ni une révélation,
les cordages ont leur maintien
dénué de la poussée maritime :
présents dans la trêve de la tension.
Rien ne vient perturber ce peu:
ni discours ni image, ni bruit
ni fracas, aucune justification
à l'étendue du quartier d'hiver
préservé un temps de la décomposition.
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peinture F Vallotton- la route de Saint Paul de Vence - 1922
Une halte à l'ombre d'une maison
lignes nettes, façade écrue:
une peinture de Vallotton
c'est un été en Provence,
justifiant une station...
on entendrait presque le chant têtu
des cigales, le vrombissement des sauterelles
le contraste au sombre du feuillage dense
des pins qui se penchent
au-dessus de la chapelle
sans apaiser la lumière crue:
Aux feuillages la gamme des verts
sous cette chaleur intense
du milieu de journée.
Une halte avant de poursuivre le chemin
un chemin semblable à une rivière
qui charrie sans jamais s'arrêter
à son tour son flot de lumière...
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peinture - Elizabeth Chathambaker
L'espace de la peinture ne laisse que peu de place au repos.
Il n'y a ni bas ni haut.
le tableau pourrait être basculé dans l'autre sens
on ne verrait que peu de différence.
La circulation emprunte des bandes blanches
comme une ville vue de l'espace,
On y verrait un étrange labyrinthe
mais la couleur n'est pas étanche
L'unité se fait par les teintes
... leur écho de place en place
Quelques repentirs les effacent
mais on n'en tiendra pas rigueur.
Le langage de la couleur
contenu dans une écriture originale,
rythmée de respirations verticales
se déroule sans heurts.
C'est un endroit où on cherche son chemin
pour ceux qui s'approchent de la toile
dans l'écriture abstraite d'un auteur
qui n'utilise que des mots peints.
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peinture Erica Parsons
Densité
couleurs en touches épaisses,
danse des lilas et roses,
jaune-vert.
Aucune teinte "aimable"
mais qui s'accordent
au regard fixe
déporté sur le côté.
Un instant fugace
saisi sur un visage,
celui qui semble
traverser la toile,
rétif à nous dévoiler
ses secrets.
La vie ailleurs:
ailleurs que dans la peinture,
et pourtant
elle lui laisse son empreinte.
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tout un ensemble de reproductions de ses peintures ( plus de 1000 quand même ), se trouve sur sa page instagram...)
ainsi que quelques unes sur Saatchi Art
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Figures de papier mâché
gardez vos couronnes
pour une autre épiphanie !
A la mer les vagues pyramides
se brisant sur les rochers.
qui nous permettent de voyager.
Les poissons l'ont bien compris.
Ici c'est leur royaume
et le cerf volant blanc
n'attrape que le vent !
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peinture Nicolas Maes - portrait d'une jeune femme ( détail ) - vers 1676 - musée de Quimper
Même là où deux bras se touchent,
chaque main se saisit du voilage léger
entre pourpre et mauve.
C'est un détail choisi
d'une femme qui sourit.
Les drapés soyeux habillent de lumière
des blancs gris aux nuances nacrées.
On les voit qui, lentement sombrent
dans le sommeil de la pénombre.
Il en va de même pour la chair,
Son modelé garde sa douceur
dans une composition savante
aux courbes flottantes.
Le chant subtil de la couleur
est son accomplissement:
quelques perles accrochées sur la manche
l'accompagnent doucement
autre matière luisant parmi les soieries
de la princesse hollandaise en robe blanche...
RC
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peinture René Magritte - "les secrets de l'horizon"
Les secrets de l'horizon
sont des plus variables.
Ils ont plusieurs profils
qui se multiplient
comme les petits pains
de la chanson
sur un ciel peint.
Les chapeaux en demi-lune
se confient au ciel nocturne.
Aux secrets, répond son énigme
c'est le moment des feintes
dans toutes les directions.
Un ciel qui porte son empreinte
au-dessus des silhouettes
comme la carte de visite
d'un secret mal gardé
dans une nuit limpide
en marque déposée .
Pourtant chacun s'entête
sous un habit rigide
à déchiffrer le mystère
de l'éclipse lunaire
suspendue par-dessus les têtes.
L'astre a des fantaisies
des retraits assortis
de danses immobiles
sur couleurs éteintes.
L'énigme n'est que dans la toile peinte
...la nuit reste indélébile
et hors d'atteinte....
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enluminure concordance des évangiles bib Ste Geneviève bible latine XIIè
Il suffit de convoquer le saint
pour que de sa main
il chasse les démons de la tête
sangliers et autres bêtes.
pendant qu'un disciple solidaire
indique ce qu'il faut faire
car dans le manuscrit tout y est écrit:
Les esprits malins
sont ceux que l'on craint.
Ils ne sont pas de bonne compagnie
sous la voûte bleue du ciel
qu'aucun nuage n'envahit...
Pour compléter l'effet des prières
au pouvoir trop limité
quand les évènements l'exigent
une petite troupe entre en action
et se dirige vers l'église
....par mesure de précaution.
Des soldats aux casques de fer
dépassent hardiment du carré
qui leur est consacré.
Ils chevauchent un éléphant de fantaisie
à l'anatomie particulière
pourvue de petites oreilles:
( peut-être pour affronter
la femme nue que l'on peut voir flotter
au-dessus du toit d'une maison )
.
Elle se sert d'un pied géant
pour se mettre à l'abri,
mais est-ce que ce sera suffisant
pour écarter les démons
de l'enluminure ?
La réponse est sûrement
dans les Saintes écritures...
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composition " combine" Robert Rauschenberg - antipasto Glut ( Napolitain ) 1987
Que Cézanne pose ses fruits
sur la table,
c'est un assemblage
des plus poétique.
C'est une fête de la matière
et des couleurs,
dans un certain ordre assemblées
suivant la leçon
de la Ste Victoire.
Notre Bob, quant à lui
pioche dans les objets hors d'usage
en conserve le sens artistique
ce qui est tout à fait respectable.
Il joue de la matière
et de la couleur,
c'est une composition
aux témoignages dérisoires
dans un certain ordre assemblés .
A quoi servirait la description
des oranges dans un compotier?
Le regard apprivoise tout la scène
sans qu'on aie besoin de l'expliquer.
Autres fruits de la civilisation...
les boîtes de conserve écrasées entrent au musée.
sur un fond d'ocre nous aurons ce poème
un entonnoir et quelques rouges un peu passés .
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estampe paysagère chinoiseIl faut être très adroitpour enjamber les précipices,aller de l'avantsans regarder en bas,tel un funambuliste allantau-dessus des poutresou les passerelles de cordes.Le sol, toujours me rappelleque, sans ailesje suis mortel.Alors, si je le peux,j'enjamberai le monde,traverserai les forêts épaisses,en parlant aux oiseaux...même les yeux fermés s'il le faut,en tenant mon pinceau,je deviendrai chasseur d'ombre,et l'encre me dira les arbres,la neige sur le sommet des montagnes,la rivière bouillonnant sous le pont.Je laisserai le monde s'éveillermalgré la nuit et la lourde pierrequ'il me faut porter.Mais l'obscurité m'aideraà suivre la lumière du matinpour l'instant à peine visible.Elle me guidera plus légèresur la feuille de dessin.Je n'aurai dormi,qu'avec le corps assoupi:somnambule qui laisse le paysagese créer petit à petitma main découvrant d'autres chemins.RC - septembre 2024
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photo Percy Seaton-Smythe
Un fond aux nuages légers,
un bâtiment en escaliers,
quelques ouvertures fermées,
aveugles sur l'horizon.
Les barreaux de la prison
un obstacle contre nature
s'offrent une respiration
une découpe dans le béton
une cicatrice, une blessure
peut-être une vue imaginaire
- au-delà du mur,
on verrait la mer...
RC
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dessin- poésie Jasper Johns - Skin with O’Hara Poem 1956
La feuille n'est pas de verre,
elle porte l'encre et le fusain
on n'y voit rien à travers,
on navigue sur ses rives:
opaque est la rivière:
il faut que tu écrives
quand tu te déplaces
là où se posent les mains,
juste quelques traces
de mains positives...
RC
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graphisme- peinture Jean-Pierre Pincemin
L'écriture a laissé place
à d'épaisses lignes noires
qui se voulaient parallèles
mais se rejoignent pourtant
sans attendre l'infini.
Tout l'écrit est caché sous
la matière des phrases .
Elles se retournent dans un récit
qui se heurte aux bords de la page.
Le fond beige respire à certains moments
quand on aborde le silence
en contrepartie des accents soulignés ,
des instants raturés
qui confondent les idées les plus communes,
le repentir prend trop de place
il a débordé sur les mots sans leur trouver
la floraison des synonymes.
Autant saturer les lignes
jusqu'à ce que l'espace
en soit comblé.
Ceux qui voudront le traduire
auront toute liberté
mais ce n'est pas le but recherché.
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peinture E Delacroix - la mort de Sardanapale
Charivari des vivants,
les êtres se sont étreints
en mêlant leur sang
dans les gestes peints.
Quand s'éteignent les voix
La scène se prolonge dans les râles,
sur le grand divan
qui accompagne la mort de Sardanapale:
La peinture de Delacroix
la valse des cimeterres
crucifie le temps
dernière explosion des sens,
paroxysme de la puissance
les vivants d'avant ne sont plus que corps à terre...
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Juste un fragment d'existence,
un petit morceau d'histoire
égaré derrière les pierres,
une présence infime
qui tiendrait au creux de la main,
un morceau d'ivoire.
Ignorance de ton destin :
ce visage sans regard
nous contemple pourtant
comme si nous étions en ligne directe
un de tes enfants
que tu n'as pas vu naître...
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peinture Paul Cézanne - la montagne Sainte Victoire
Comme penche la terre
c'est pour mieux servir le motif
que s'élance la pierre
à l'assaut de la petite sensation.
La montagne Sainte-Victoire se dresse
pour toucher le ciel au-dessus des pins
accident géologique
qui se colore d'autres nuances
de gris , roses, et de perle
sous le ciel de Provence.
La montagne jusqu'alors discrète
se pare de couleurs
jusqu'à sa crête et se maquille
dès que le jour la caresse.
Vague immobile
de sa lente houle déferle
sous un crépitement d'azur
ceinte de flammes vertes
de pins d'Alep.
Il faut la vision du poète
ou celle du peintre
pour lui prêter d'autres teintes:
la terre y sera rousse
avec la chanson des ceps
la cloche des campaniles
à l'ombre de la Sainte-Victoire .
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peinture Ollie le Brocq
Nous avons changé d’époque
la rumeur du jour
nous offre un kaleidoscope
de persistance rétinienne :
ceci n'est pas une pomme d'amour
ou alors d'une autre sorte
en équilibre sur la table
savante mise en scène
les pensées ne s'égarent pas dans un paysage
aux ombres roumaines.
C'est une nature morte
qui attend qu'on la croque
- tout cela en pure perte -
est-ce l'effet de lumière
sur la promesse d'une pomme verte
qui éveillent en nous ces voix familières ?
Le tableau sagement accroché au salon
pendant qu'au dehors s'élancent les chansons
les hymnes révolutionnaires...
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- peinture Pierre Alechinsky - " derrière la vitre"
La fenêtre est ouverte sur le mystère de la nuit.
L'espace est bleuté sous la lune.
On ne la voit pas, mais un grouillement de formes
s'active sur le fond et se déplace .
Même si vous êtes des plus perspicaces,
vous aurez du mal à les identifier.
Comme sur les figures d'un tapis,
elles ne vivent pas par elles-mêmes,
essaient de repousser le cadre ,
se prolongent dans la nuit souveraine
à l'obscurité dense qui conserve pourtant
des traînées de rouge.
Malgré ce frémissement ,la surface fait appel
au limites fragiles du carré
.
Les spectres sont restés de l'autre côté
derrière la vitre fermée...
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art Anselm Kiefer
Un format allongé,
rectangle noir de fumée,
et l'âme qui voyage
tel un nuage
que plus rien ne guide
Une robe vide
un corps absent
mémoire écorchée
chemise au vent
spectre blanc
qui vient nous hanter...
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