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Du jardin étoilé
c'était un toit
pesant son poids
de ciel d'été
de plusieurs atmosphères :
un vide abyssal
parcouru de mistral
qu'une fausse lune éclaire,
les nuées se déroulant furieuses ,
loin du village immobile ,
- et les fers du campanile -
vallée ténébreuse
à la tranquillité factice
pourtant inquiète et raide
comme Le Greco peignant Tolède
au bord du précipice .
Des cyprès sont des flammes noires,
que l'on entendrait crépiter
défiant la réalité
d'un paysage expiatoire.
Celui-ci n'est pas décrit
avec exactitude ,
car la solitude
de Vincent est un cri
emportant tout sur son passage :
une nuit profanatrice
jetant ses feux d'artifice
juste avant l'orage
et qu'elle ne vrille
de ses grands serpents
un ciel devenu dément
au-dessus des Alpilles .-
RC - juill 2017
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photo: Thierry Azam
Il y a quelque part,
des coutures mouillées,
qui suturent les failles
qui nous viennent de l'extérieur.Celui-ci m'apparaît haché,
griffé de traits
qui brouillent au regard
une partie de la vision .Des arbres dressés défilent rapidement
opposés à la lumière , se frayant un passage
avec difficulté , en flashes rapides,
à la façon d'éclairs stroboscopiques .Si c'était une gravure,
il y aurait de grandes zébrures
sur toute la surface
contredite par des traits noirs.Derrière la vitre du compartiment,
c'est une forêt de bouleaux
happée par la vitesse,
aux habits , de blancs rayésUne cathédrale végétale,
qui semble bouger ,
et dont l'image se brouille
un peu plus sur le verre.C'est aussi un all-over
d'obliques blanches qui progressent,
le pluie fouettant le train
comme un sarcasme.La forêt n'en finit pas:
elle se prolonge indéfiniment,
comme ce qu'on imagine
des étendues immenses de Sibérie .L'âme accrochée aux traverses,
aux fils électriques qui dansent,
et toujours le paysage fermé sur lui-même ;
à la manière d'une palissade ininterrompue.On ne peut même pas
s'accrocher aux barreaux :
l'exil est un voyage au coeur de l'hiver,
et c'est une saison qui n'en finit pas.-
RC - nov 2017
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peinture: Sydney Nolan
A travers la fenêtre,
le givre et un fond du bleu au vert,
se colle à la vitre un regard .
C'est un inconnu qui te surveille,
la moitié du visage brouillée,
- une sorte de prothèse de cerveau ,
commandé par un câble électrique,
une carte-mémoire au centre :
un oeil artificiel, lourd de reproches
enregistre tous tes mouvements :
saturant l'espace,
comme la mauvaise conscience ,
qui s'invite chez toi.-
RC - nov 2017 ( sur une peinture de Sydney Nolan )
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peinture Don Eddy 1977 "for C"
Tu as devant toi
du verre devant le verre,
du verre à travers le verre.Les reflets se renvoient,
brisés, et aussi rattrapés
> C'est une matière
virtuose et paradoxale
affichant sa dureté et fragilité,
on sent la lumière crisser .Une lumière qui n'arrive pas
à traverser ou envelopper
la coulée de silice.
On a du mal à se situer
dans ce all-over glacé
qui semble repousser le regard.Car même si on sait
de quoi est composée la matière,
il y a du faux et de l'arrogance
dans la coulée immobilisée
d'une lave transparente .
Elle se superpose à elle-mêmeet les répercussions du néon
avec leurs mille détails
blessent presque l'oeil
au point que l'on désire
briser cet équilibre
à coups de masse ...mais la vitrine se dérobe
quand tu t'aperçois
que c'est juste une peinture .-
RC - oct 2017
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peinture: Joan Miró -Personnages dans la nuit guidés par les traces phosphorescentes des escargots (1940 )
J'ai suivi les étoiles,
et l'émerveillement d'un enfant
voyant dans le firmament,
les rêves reportés sur la toile,les animaux du zodiaque
les femmes oiseaux,
peintes par Miró ,
un chant élégiaqueimprimé dans l'irréel :
Des figures bizarres,
un vocabulaire de chiffres épars,
majuscules et voyellesoù des personnages se bousculent
dans une curieuse constellation,
couleurs joyeuses en éruption :
des yeux, des triangles et des bullesIl y a quelque chose des Shadocks
rien n'est rectiligne :
ici, on parle la langue des signes :
l'espace est ventriloque,On peut sauter à l'aise
de planète en planète :
la nébuleuse est stupéfaite
et ouvre ses parenthèsespar l'intermédiaire d'une marelle,
où, dans un silence éternel,
il suffit d'une échelle
pour atteindre la case "ciel"...-
RC - nov 2017Joan Miró: Femmes au bord du lac à la surface irisée par le passage d'un cygne
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